Qui n’a pas entendu une fois dans sa vie le thème à l’harmonica de « Il était une fois dans l’Ouest » ? Qui n’a jamais vu, au moins en partie, cette introduction silencieuse dans une gare poussiéreuse située dans le grand ouest américain ?

Le film de Sergio Leone, sorti en 1969, ultime demande des producteurs voulant cantonner le maître au genre, a été étrangement snobé lors de sa sortie dans les salles américaines, mais adulé en Europe, et plus particulièrement en France. L’œuvre est tellement culte qu’il est difficile de la regarder une première fois sans apriori. C’est ainsi que je me suis efforcée, l’œil neutre, à voir ce film en ignorant le fait que c’est l’un des meilleurs films de l’histoire du cinéma paraît-il.

Pour son western, Leone réunit des "gueules" du cinéma. Il y a tout d’abord Charles Branson. L’acteur, déjà remarquable dans les « Sept mercenaires » de John Struges, récidive huit ans plus tard en interprétant un protagoniste mystérieux et taciturne ne se départant (presque) jamais de son harmonica. C’est de l’homme à l’harmonica que sont nées les petites notes cultes que l’on associe systématiquement au film. Du grand art ! Il y a également Henry Fonda, à l’origine réticent lorsqu’il s’est vu proposer le rôle Frank, qui sera pourtant l’une des plus grandes interprétations de sa carrière. Jason Robards complète le trio de tête d’affiches masculines avec Cheyenne, son génial personnage de loubard au grand cœur. Une seule femme à l’affiche, et pas n’importe laquelle. La sublime actrice italienne Claudia Cardinale apporte sa sensualité, sa douceur mais aussi sa forte personnalité aux arides terres américaines. Tout ça pour dire que la distribution est à l’image du film : magistrale !

Le cinéaste italien prend tout son temps pour narrer son histoire. Tout comme son introduction d’un quart d’heure intrigante et largement dispensable à l’intrigue, Leone ne joue pas sur l’économie des minutes. C’est une audacieuse force mais aussi un pari risqué. Une longueur restant une longueur, il est parfois difficile de maintenir l’attention totale du spectateur. Mais globalement, le pari est gagné ; les 2h45 passent rapidement.

La trame de l’histoire, bien que pas vraiment jalonnée d’évènements marquants, est bien ficelée. Elle trouve un magnifique dénouement dans l’ultime confrontation de Branson et de Fonda. Accompagnée par la musique de Morricone, cela donne sans conteste l’une des plus grandes scènes de l’histoire du cinéma.

En parlant du maestro italien, jamais un film n’avait à ce point mis en valeur ses compositions. Le but de Sergio Leone semble avoir été de réaliser un western faisant une apologie du silence. L’absence de bande-son rend les thèmes d’Enio Morricone, lorsqu’ils surgissent, encore plus puissants. Comme quoi, la musique si elle est intelligemment dosée, contribue à la définition d’une œuvre et à ce que l’on en retient.

« Il était une fois dans l’Ouest » regorge aussi de nombreuses qualités techniques. Sa photographie ensoleillée en met plein la vue, la mise en scène est remarquable -prouvant que Leone n’est pas adulé pour rien- et les décors concoctés par Carlo Leva et Rafael Ferri atteignent un niveau de détails épatants. Les décors naturels ne sont pas en reste avec de sublimes étendues sauvages rappelant la beauté du grand Ouest américain.

Après une telle analyse, inutile de rappeler que « Il était une fois dans l’Ouest » mérite amplement tous les superlatifs qui lui sont régulièrement attribués. Un grand film.
mewnaru
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les westerns c'est bien.

Créée

le 15 juil. 2014

Critique lue 316 fois

2 j'aime

mewnaru

Écrit par

Critique lue 316 fois

2

D'autres avis sur Il était une fois dans l'Ouest

Il était une fois dans l'Ouest
Sergent_Pepper
10

How the West was done

Songeons que ce film n’aurait pas dû voir le jour : après la Trilogie du dollar, Sergio Leone estime en avoir fini avec le western et se prépare à son grand projet, Il était une fois en Amérique...

le 15 sept. 2017

184 j'aime

57

Il était une fois dans l'Ouest
DjeeVanCleef
10

Il était une fois le Cinéma.

Tu sais, pour changer, aujourd'hui je ne vais pas faire ma Dalida, je vais te parler droit dans les yeux. « Il était une fois dans l'Ouest » n'est pas seulement le plus grand western de tous les...

le 20 oct. 2013

134 j'aime

13

Il était une fois dans l'Ouest
Ugly
10

Le western opéra

Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...

Par

le 6 avr. 2018

122 j'aime

96

Du même critique

Orange mécanique
mewnaru
4

"Est-ce donc un démon qui vous dévore le cœur mon cher Alex ?"

Comment faire une critique de la violence au cinéma ? La solution proposée par « Orange mécanique » ? Faire un des films les plus violents de l’époque, tellement violent que l’on prend le risque de...

le 1 sept. 2014

34 j'aime

13

Rencontres du troisième type
mewnaru
5

Le saviez-vous ? Les extraterrestres sont mélomanes.

Steven Spielberg aime la science-fiction. Ce n’est un secret pour personne. Bien avant les robots d’A.I, les dinosaures de Jurassic Park et surtout, cinq ans avant le petit E.T l’extraterrestre, le...

le 11 juin 2014

31 j'aime

5

La Leçon de piano
mewnaru
5

Le désir joué par quelques notes noires.

Un film qui a raflé tout un tas de récompenses (dix exactement). « La leçon de piano » raconte la destinée d’une femme muette liée contre sa volonté à un homme qu’elle ne connaît pas. Peu à peu,...

le 12 juin 2014

26 j'aime

3