"Une curiosité, mais pas le meilleur Sergio Leone." Le Figaroscope


"Le deuxième volet de la trilogie de Leone n’a ni l’aura mythique du premier ni la complexité onirique du troisième." Les Inrockuptibles


Ok, les gars, vous êtes passés complètement au travers, comme apparemment pas mal d'autres rombiers, vu le manque de visibilité de ce film dans l'oeuvre de Leone. M'enfin c'est pas grave, parce que vous lui adressez le même sourire poli et gêné qu'a l'enfant autiste de la famille, celui qu'on comprend pas trop, qu'on ne sait trop comment qualifier, alors on s'empresse de caresser affectueusement la tête des deux autres frères, les "normaux", ceux qu'on a l'impression de comprendre, ceux qui rentrent dans notre grille de lecture, histoire de montrer à papa, qu'il en a "réussit" deux.
Un bon point cependant, pour avoir remarqué qu'il était différent, c'est déjà pas si mal.


"Il était une fois la Révolution", c'est un film un peu autiste, on peut le regarder, un sourire poliment accroché au visage, parce qu'il est pas désagréable, parce qu'il a la tête d'un bon film, mais il nous semble résolument muet, presque vide. A moins qu'il n'emploie pas le même mode de communication que celui auquel nous sommes habitués ? Ah le salaud.


Alors oui, ce film est moins épique qu'Il était une fois dans l'Ouest, il est moins onirique qu'Il était une fois en Amérique. Tout simplement parce que l'héroïsme et la poésie sont absents de ce film. Que reste-il alors dans ce drame ? Rien ?


Oui, c'est ça, rien, il ne reste rien. Parce que ce film est nihiliste. Parce qu'il nous présente un combat vain, des existences vaines qui s'entrechoquent, qui cherchent vainement à prendre le meilleur sur leurs semblables. La machine humaine avance broyant aliments (merveilleux plan au début du film), ressources (l'éternelle quête de l'argent), existences (les soldats, les révolutionnaires et les civils massacrés tout du long du film) vers un but que l'on tente de croire (ou de faire passer pour) meilleur que le précédent. Avec pour seul inépuisable moteur, l'égo, ou les couilles comme dit Juan.
Parfois on est rattrapé par la portée de nos actes, par leurs essences, par leurs conséquences, alors on se crispe, on pleure un peu et puis les couilles reviennent, alors on reprend sa course en avant, les yeux ouverts mais aveugles. Parce qu'on ne peut décemment pas voir, on ne peut que regarder, si on voit, voilà que nos couilles nous font encore défauts.


C'est exactement le sentiment que réussit à créer Sergio Leone dans ce film, celui d'être simple spectateur de ce qui se déroule sous nos yeux. On regarde, mais on ne voit pas. Parce que voir c'est être rattrapé par le vide. C'est mourir avec le train.

Mazereau
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le 26 janv. 2015

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