Une adaptation scolaire et sans génie

Grande déception devant ce film qui s'attaque laborieusement à un chef-d'œuvre de la littérature. Certes, le pari était risqué, mais personne ne forçait Giannoli à se lancer ce défi; On comprend vite et trop bien ce que le parallèle avec les médias d'aujourd'hui -qui font et défont les réputations- pouvait avoir de séduisant pour le réalisateur, mais c'est l'arbre qui cache la foret. Le vrai sujet est la "perte" de l'innocence, des rêves, des valeurs, des illusions, des âmes, dans un monde ou règnent l'argent, l'intrigue et le mensonge. Or, cet aspect n'est que lourdement évoqué et surligné en voix off et peu vécu par les personnages que les acteurs incarnent superficiellement sous une direction d'acteur quasi inexistante. Une suite de portraits esquissés, de silhouettes caricaturales d'où seul émerge vraiment Depardieu, toujours grandiose, même dans un rôle secondaire. Benjamin Voisin est crédible, charmant et attachant mais les impacts de ses revirements de fortune sur lui restent peu visibles. On le voit bien timide et débutant, arrogant et vaniteux lorsque la fortune lui sourit, mais trop peu cassé par le malheur (faute au scenario sans doute) Quant à Cécile de France , comédienne pourtant Ocombien sensible, elle se revèle toujours aussi mal à l'aise et raide en costume d'époque que dans Melle de la Jonquières et ne traduit pas grand chose de l'aristocrate déchirée qu'est Louise. Quant à la jeune Salomé Dewaels qui joue Coralie, c'est tout simplement une erreur de casting. Comment croire à cette mignonne mais très ordinaire poupée grassouillette affolant le tout Paris par ses bas rouges et se risquant à jouer Bérénice ? Vincent Lacoste tire son épingle du jeu en cynique sans scrupules, mais n'a guère de profondeur. Bref, certains comédiens sont au rendez-vous d'autres moins et de toutes façons cette galerie de portraits qui épouse l'ascension puis la chute du héros n'offre pas un grand intérêt tant le film est conventionnel dans sa forme et rythmiquement uniforme et essoufflé. On frôle l'ennui à plus d'un moment et c'est bien dommage.

LADYA
5
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le 26 nov. 2021

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LADYA

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