Pourquoi ce film est aussi mal noté? Aurait-il de bonnes raisons d'avoir d'aussi mauvaises critiques? Il est dérangeant par de nombreux aspects.
Sur les thèmes, bien sûr. Attal dézingue tout sur son passage: l'extrême droite, les journalistes, l'ignorance... Le tout avec humour, ironie et, c'est important, autodérision. Le personnage qu'Attal incarne est à double tranchant: une représentation d'un juif réinventé par l'antisémite qui pourrait le percevoir ainsi mais aussi celle d'un juif qui se moque d'obsessions que peuvent avoir les juifs sur eux-mêmes. Et sinon, sans une profonde réflexion, un mec névrosé, tout simplement.
Sur la promotion. Vendu comme une comédie sur les clichés, il se définirait davantage comme un drame satirique plutôt qu'une comédie. Ce casting incroyable, avec des acteurs souvent habitués aux comédies populaires (Boon, Poelvoorde, Bonneton...), ont pu attirer des spectateurs fort vite désappointés.
Sur le rythme. Se rapprochant du drame, le rythme n'est pas celui d'une comédie. Il est plus lent. Là encore beaucoup de spectateurs ont sans doute été surpris. Surtout que la bande annonce, très cutée, avec une musique dynamique, peut laisser penser le contraire. Ajouter à cela des sketchs inégaux en durée et un film qui dure 111 minutes et pour certains, ç'en est trop.
Sur les situations. Chaque scène propose un traitement. Certains trouvent que les situations varient très fortement en qualité selon le sketch. Ce procès est TOUJOURS fait pour les films à sketchs. Les films des Monty Pythons ou de Jean-Michel Ribes, Pulp Fiction, ou plus récemment Les Infidèles ou le potache Les Onze Commandements. Il reste le choix des faiseurs, à nous de suivre ou pas.
Après cela, vous vous dites, pourquoi ai-je mis cette note?
Parce que si on regarde ce film, comme je l'ai fait, sans idée préconçue, sans se fier aux critiques, sans volonté de faire le film à la place de, on passe objectivement un bon moment. Les délires vont très loin (parfois peut-être trop, et alors? on s'en fout). La réalisation est correcte, les acteurs sont géniaux, les seconds rôles notamment (quel plaisir de retrouver Villalonga, Castel ou encore le très surprenant Popeck). Rien n'est pris au sérieux parce que rien n'est sérieux. Ne pas devenir lacanien avec ce film, ne pas tout scruter, tout juger, ni tout croire béatement, au premier degré. Ne pas lui prêter quelconque intention. Laisser seulement s'emporter par la cocasserie, la folie. Je l'ai pris ainsi et m'en suis satisfait.
Ce n'est pas le film de l'année. Mais à l'évidence, il ne mérite pas le torrent (l'ouragan?) de boue, de merde. Il y a mille fois plus médiocre, plus vide, plus mal joué, plus paresseux. Alors un 7. D'autant plus après cet accueil. Il faut savoir se dépassionner.