Faux quasiment du début jusqu'à la fin!

Diffusé un soir sur la 2, j'ai saisi l'occasion de voir ce film dont le sujet m'intéressait (c'est pas tous les jours que l'on a un film sur la cryptographie!).

Le début est encourageant avec notamment un acteur principal (Benedict Cumberbatch) très convaincant, même si le côté autiste joué me fait un peu grincer des dents (Turing était très excentrique, mais pas asocial, faut pas déconner!), la représentation des meutes de U-Boote fait plus jeu vidéo que réel (ou alors ils n'ont pas peur des collisions, ni des grenadages!). La course contre le temps pour le cassage des codes est par contre très bien présentée.

Les débuts se déroulent tranquille, un poil trop romancé (le vilain petit canard asocial persiste) et puis cela dévie petit à petit.
Je passe sur l'épisode "liberté de la femme" totalement non-historique pour me concentrer sur le fond de l'intrigue.
Si l'on suit le film Alan Turing est une sorte de McGyver qui, avec ses petits bras musclés et sa seule machine baptisée du nom de feu son premier amour (totalement inventé) a gagné la guerre a lui tout seul avec sa petite équipe contre l'avis de ses gros cons de supérieurs. En gros, on est à 100 lieues de la vérité (et je baise mes veaux!)
La réalité fut que l'équipe de Bletchley Park a mis au point la "bombe" nommée "Victory" pour passer les différentes possibilités et exclure les mauvaises.
Une seule ne suffit pas et il en fut construit plus de 200 pendant la guerre grâce, notamment, au concours industriel des USA.

Je lâche définitivement l'affaire quand on sombre dans le délire tragi-historique.
Par un exploit invraisemblable, l'équipe connait alors toutes les positions de tous les navires en Atlantique, amis et ennemis. Non content de cet exploit, on nous présente des agents omnipotents et capable d'empêcher une catastrophe touchant, en plus, personnellement l'un de ses membres (sinon ce ne serait pas drôle)en un temps record (10 minutes!).
Pour ceux qui n'auraient pas saisi l'absurdité du machin, je détaille:

Une seule machine est bien en peine de décrypter l'intégralité des messages de la Kriegsmarine concernant les bâtiments en Atlantique... et cela en supposant que les-dits messages dévoilent la position en temps réel des bâtiments!
Ensuite, il est fort douteux que l'équipe en question ait accès aux informations concernant ne serait-ce qu'un seul navire ami. Cela n'a aucun intérêt de les en informer et compromettrait même la sécurité des informations.
Enfin, si l'on admet quand mêmes les 2 supposition précédentes, comment l'équipe peut-elle suivre en temps réel la situation (il faudrait plusieurs messages ou un traçage GPS!) et surtout comment peuvent-ils prévenir en 10 minutes les convois du danger (ils ne doivent pas avoir internet à bord!) nonobstant même les problèmes de réception eux-mêmes... si tant est que la décision leur en incombe!

Cerise sur la connerie, on nous sert même le coup de la taupe soviétique placée au sein de l'équipe.

En bref, si vous tenez à la rigueur historique, faites vous plutôt une nouvelle partie de World of Tanks, vous y gagnerez. Celle-ci est quasiment passée à la trappe au bénéfice d'une lecture actualisée multimedia de l'intrigue. Sur ce point là, le film est donc une bonne grosse bouse. Seule l'interprétation est valable, mais ne sauve en rien le reste du naufrage intellectuel.

Je ne pourrai même pas vous racontez la fin, j'ai préféré allez me coucher et lire un chapitre du "Traité de Stratégie de l'Ecole de Guerre", ça permet de rééquilibrer le cerveau