L'Amérique en Grande-Bretagne
Alan Turing est sans nul doute une des figures scientifiques les plus fascinantes de ce siècle.
Que ça soit pour ses travaux qui amèneront aux premiers ordinateurs, qu'à son nom trainé dans la boue par un gouvernement d'un autre temps, son histoire possède un authentique intérêt à être contée.
Un réalisateur comme John Boorman aurait certainement érigé un film en sa mémoire, tentant de lui rendre justice, peut être voir explorer cette thématique au demeurant bien trop sous exploitée, de ces contributeurs "anonymes" de l'Histoire.
Morten Tyldum lui ne cherche qu'à faire un film Américain.
Car ce fameux "Jeu de l'Imitation" il se situe la, dans sa conception.
Chaque année nous avons obligatoirement en fin d'automne et en début d'hiver, cette fameuse saison des Oscars, entrainant avec elle, une marée de longs métrages n'ayant que pour but de repartir avec la statuette dorée.
Mais la ou The Imitation Game se singularise, c'est qu'il n'a pas seulement cherché à créer un True Story Drama pour participer à la compétition: il s'est assuré de se couvrir de tous les poncifs du drame de guerre Hollywoodiens que l'on connait.
On martèle des images de guerre illustrant bien plus que de raison, on fait un montage alternatif entre Alan galérant à créer sa machine et lui faisant son jogging, sinon on aurait pas compris qu'il produisait un effort.
On nous gave d'une voix off, dont le placement dans la narration du film est ridicule, et d'enjeux soudains comme le coup du frère du cryptographe tellement maladroits que ça en devient gênant.
Mais la ou se situe la cerise sur le gâteau, qui constitue une véritable insulte même aux homosexuels, c'est que la seule relation qu'aura Alan en dehors du cadre professionnel viendra de Keira Knightley, une femme qui je le rappelle selon les faits, ne l'a au final que peu côtoyé.
Je demandais pas à voir une scène de cul façon Brokeback Mountain, je ne demandais pas non plus à ce que l'on voit que rouler des pelles.
Cependant force est de reconnaitre que le film contourne parfaitement de montrer le trait de son personnage qui lui couta sa vie, d'être gay.
A la place, on nous sert une histoire entre lui et sa collègue, qui est grossièrement un amour platonique jamais assumé, à la sauce "Chérie, notre amour est impossible... parce que les femmes me font pas bander !".
Après, l'entreprise ne subit pas un naufrage complet. Ca n'est pas non plus à cent pour cent désagréable à regarder, on a droit à une photographie correcte et une très bonne direction d'acteur, une fois que Cumberbatch cesse de nous refaire du Sherlock.
Qui par ailleurs ne cesse d'avoir des défauts de languages.
Comme dans un autre film britannique reparti avec la statuette dorée.
Amérique quand tu nous tiens...