Le mélodrame et les faits réels
Il faut croire que Cumberbatch a un talent pour jouer les génies insupportables plus ou moins homos. Mais ça serait rabaisser ce film que de le regarder simplement sous cette angle là, car les deux personnages de Sherlock et Alan Turing n'ont pas grand chose d'autre commun. Cumberbatch sait se faire caméléon.
Bon, parlons mélodrame. C'est un film qui se passe pendant la guerre, il y a l'homosexualité cachée d'Alan Turing, la question très (très) abordée de la normalité, la figure de la femme de l'époque qui essaye de sortir du moule, et j'en passe. Donc oui, le mélodrame. Je serais tenté de vous dire que j'ai vu pire mais ça ne justifierait rien. Je serais tenté de vous dire qu'il n'y en a pas tant que ça, mais ce serait un mensonge. La vérité c'est qu'il y a du mélodrame, mais qu'il est maîtrisé. Aujourd'hui, j'ai l'impression que les critiques tremblent à chaque fois qu'une larme peut être versée, qu'ils hurlent à la lourdeur, au manque de subtilité, de peur d'être traité de bon public. The Imitation Game utilise le tragique, le pathos, mais jamais gratuitement et rarement excessivement. C'est son histoire.
Et puisqu'on en vient à l'histoire, parlons biopic et la jolie mention "tirée de faits réels". C'est vrai qu'elle chatoie, cette mention. Mais pour ce film, elle m'importe peu. C'est surtout la façon dont est traitée la personnalité d'Alan Turing. Mystérieux. Ses réactions, son comportement ne sont pas expliqués mot à mot au spectateur, on ne nous prend pas par la main. La force de ce biopic, c'est que son sujet, personne ne l'a vraiment connu, et que le film n'essaie pas de l'inventer, il le montre comme il se montrait aux autres. À nous de nous imaginer le reste.
19