Leni Riefenstahl tournera durant trois décennies un nombre incalculable d'images sous-marines, du début des années 70 à l'aube du 3eme millénaire... C'est en 2002, alors que l'ancienne réalisatrice attitrée au troisième Reich dans la mémoire collective fête son centième anniversaire, que sort ce superbe et méconnu Impressionen unter Wasser. Documentaire hypnotique, aux couleurs somptueuses et d'une douceur infinie, le dernier film de Riefenstahl invite le spectateur à lâcher prise tout en donnant énormément à voir.


Affirmer que la cinéaste allemande maîtrise parfaitement la technique et les moyens du cinéma équivaut presque à une lapalissade, tant ses films de propagande nazie tournés dans les années 30 témoignaient déjà d'une avancée dans la modernité filmique particulièrement impressionnante . Ce qui frappe lors du visionnage de ce film aux allures de testament, c'est le relief ahurissant de chaque plan. Cette plongée dans l'infra-monde s'appose à notre regard comme un beau morceau de cinéma-progressif, sans tumulte ni barbarie : il lave littéralement nos yeux captivés par cet univers souterrain resplendissant de myriades de formes et de couleurs. Extraordinairement calme, bercé par le composition co-écrite par Gorgio Moroder, Impressionen unter Wasser échappe à l'étiquette réductrice du simple film-aquarium, tant les saillies et autres aspérités du moyen métrage préfigurent élégamment l'apanage du cinéma en 3D.


Je ne serai pas surpris d'apprendre qu'un réalisateur tel que James Cameron se soit inspiré de ce petit bijou de perfection formelle, tant certaines images renvoient au film-phare que représente Avatar. Impressionen unter Wasser invite avec une certaine naïveté à se passionner pour un monde d'une richesse chromatique et morphologique difficilement accessible pour nous autres terriens. Lorsque l'on sait que Riefenstahl a passé la dernière partie de sa longue vie à pratiquer la plongée sous-marine on devine bel et bien une formidable dimension pacifique dans un cinéma jusqu'alors fascinant et fasciné par l'Horreur. Une très belle surprise.

stebbins
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le 7 déc. 2015

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