In Absentia
6.7
In Absentia

Court-métrage d'animation de Stephen Quay et Timothy Quay (2000)

… et probablement le chef-d'oeuvre des frères Stephen et Timothy Quay, jumeaux natifs de Philadelphie installés à Londres depuis la fin des années 1970. Inspiré d'un cas authentique de schizophrénie et agrémenté d'une composition originale de Karl-Heinz Stockhausen, ce film de vingt minutes est un concentré d'invention et d'émotion en même temps que la somme de tout ce que l'art de l'animation porté à sa perfection est capable d'apporter à l'exploration de l'âme humaine en souffrance. Mêlant animation d'objets et prise de vue "sur le vif" (les mains filmées en gros plans sont celles d'un des deux jumeaux et la lumière rasante qui anime un mystérieux paysage "cosmique" (selon le terme même des Quay) est la lumière même du soleil londonien qui se levait chaque matin sur le studio de tournage et inondait de sa lumière changeante le minuscule plateau qui prend ici des proportions de paysage intérieur. L'alternance savante de très gros plans et de plans larges, de couleur et de noir et blanc, le rythme créé par le retour obsédant des mêmes motifs, créent peu à peu un sens qui se dévoile dans les tous derniers plans et récompense la patience du spectateur sensible et attentif. Une très bonne introduction à l'univers des Quay: si on a aimé, on pourra ensuite se risquer à pénétrer dans les somptueux longs métrages, peut-être dans l'ordre chronologique ("Institut Benjamenta", adapté de Robert Walser, l'un des auteurs de chevet des jumeaux; puis "L'accordeur de tremblements de terre", qui évoque l'univers de Raymond Roussel, de Felizberto Hernandez et d'autres écrivains de l'étrange).
Jean-François4
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le 6 nov. 2013

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