Si Tu Ne Trouves Pas Ton Bonheur, Chair Sang Gore

In Search of Darkness nous invite à un voyage temporel de quarante ans en arrière pour (re)découvrir toute une décennie de cinéma horrifique américain. Le film de David A Weiner sous titré A Journey Into Iconic '80s Horror est un gros pavés de plus de quatre heures trente bourré d'extraits de films bien sanguinolents et d'entretiens avec un bon gros casting de réalisateurs, acteurs , actrices , responsables d'effets spéciaux, compositeurs et fans du genre qui viennent livrer leurs sentiments et anecdotes sur cette décennie particulièrement riche pour le cinéma de genre.

Pour être honnête je me retrouve un peu dépourvu à l'instant même ou je commence la rédaction de cette petite critique pour la simple et bonne raison que je viens tout juste de regarder la bande annonce de In Search of Darkness II qui en remet une belle couche de quatre heures trente d'images et d'interviews qui semblent pas mal combler les vides de ce premier opus. Je m'apprêtais à tailler à grands coups de griffes dans le lard de ce documentaire pour ses nombreuses absences impardonnables et son manque d'ouverture sur le monde et certaines thématiques oubliées et voilà que cette foutue bande annonce semble combler une partie de mes attentes et frustrations. Je vais donc jouer les équilibristes entre mon premier ressenti en regardant In Search of Drakness et la connaissance de ce second volet qui viendra visiblement rattraper les vides de cette première partie.

Malheureusement In Search of Drakness comporte quelques défauts que pas même sa suite ne semble pouvoir corriger à commencer par la forme même du documentaire et surtout son côté inventaire et catalogue un peu mécanique. Si vous êtes néophyte et peu au fait du cinéma de genre des années 80 vous devriez apprendre beaucoup de choses sympathiques et peut être même découvrir certains films, en revanche pour les plus passionnés le documentaire n'aura pas beaucoup plus d'intérêt que de jouer un rôle de madeleine de Proust en titillant l'envie de revoir tel ou tel film tout à s'amusant à retrouver en interviews quelques grands noms du genre comme Joe Dante, John Carpenter , Stuart Gordon ou Bryan Yuzna. In Search of Darkness manque de fond et de perspectives et le documentaire de David A Weiner est bien loin d'offrir une véritable analyse sur le genre, sur le reflet qu'il porte sur son époque (comme le faisait l'excellent The American Nightmare sur le cinéma horrifique des années 70)) ou sur toutes ses valeurs cathartiques et intrinsèques du cinéma d'horreur. Si le documentaire aborde quelques thématiques globales en plus de son inventaire chronologique des films marquants pour chaque années on reste toujours dans une sorte de survol formel des choses n'attaquant jamais la profondeur moites des entrailles du genre. Dans une mécanique qui finit par être un poil rébarbative on a la sensation que thématiques et films sont tous traités de la même manière : présentation, anecdotes, extraits et meilleurs moments sans jamais aller plus loin. Alors bien sûr c'est loin d'être désagréable de revoir des moments bien choisis des films qu'on aime tant avec une petite pincée d'anecdotes pour pimenter le tout mais pour quiconque connaissant bien le genre et ayant écumé bonus DVD et entretiens des artisans des films montrés, il n-y aura pas grand chose de nouveau à apprendre. Le catalogue et l'inventaire discutables des films retenus au fil des ans devient vite lassant dans sa forme à la fois mécanique et un peu chaotique tant on sent que pour certains films ça ne devait pas se bousculer pour livrer anecdotes et ressentis. L'aspect un poil plus intéressant du documentaire reste les courts modules traitant de thématiques globales dans le cinéma horrifique comme les affiches, la VHS, les héroïnes, la musique, l'érotisme ... mais là encore on reste durant quelques minutes à la surface des choses comme si David A Weiner cochait les cases d'une liste de choses dont il fallait parler sans même prendre le temps de bien le faire. Par exemple pour les bandes originales de films d'horreur on a juste la sensation que le réalisateur a compilé les musiques préférés des différents intervenants de son documentaire ce qui fait bien peu. Ce qui est également frustrant c'est que le documentaire possède quelques bonnes idées qui ne sont jamais exploiter à fond comme l'intervention de ce critique cinéma qui démolit les films d'horreur et que j'aurai adoré retrouver au fil des ans pour voir si comme pour beaucoup de critiques et intellectuels il avait finit par retourner la veste de son costard trop étroit pour réhabiliter un genre et des réalisateurs sur lesquels on a trop souvent craché avant de les célébrer.

Comme souvent dans ce genre de documentaire qui se vante d'être le plus exhaustif possible on note plus facilement les oubliés et les absents que les nombreux présents surtout lorsque certains intervenants n'ont objectivement qu'une très relative légitimité comme Katie Featherston l'actrice de Paranormal Activity dont on se demande bien ce qu'elle vient foutre ici. Bien sûr il est impossible de traiter de tous les films d'une décennie, ni d'inviter absolument toutes les figures emblématiques du genre mais l'absence de certains grands noms et de certains films font vraiment tâche quand on traite d'un sujet dont ils restent indissociables. In Search of Drakness II va réparer les absences impardonnables de Robert Englund, Linnea Quigley et Tom Savini mais ne semble pas combler celles de David Cronenberg, Sam Raimi, Stephen King, Clive Barker, Don Coscarelli ou Bruce Campbell. Au niveau des films traités la suite va visiblement comblée l'absence d'une ouverture vers le monde et célébrer enfin les films de Lucio Fulci, Dario Argento, Ruggero Deodato, Peter Jackson et compagnie. La bande annonce de In Search of Darkness II laisse aussi entrevoir que des films oubliés de ce premier opus comme House, Maniac Cop, Shocker, X-Tro, Prince des ténèbres seront enfin de la partie en plus de nombreux films internationaux comme Tesuo ou Razorback . J'espère que cette suite n'oubliera pas non plus Faux semblants, Street Trash, L'emprise Des Ténèbres, Intruder, Elmer le Remue Méninges , Waxwork et tant d'autres. De nouvelles thématiques seront aussi de la partie comme l'horreur dans les jeux vidéos de l'époque laissant entrevoir une sincère volonté pour le réalisateur de venir combler les nombreuses frustrations des fans du genre après un premier volet objectivement plein de trous. Mais pour être tout à fait honnête j'attend tout autant que je redoute ce second volet qui certes viendra remplir un peu plus le catalogue et l'inventaire en comblant les trous du premier opus mais devrait garder la même forme mécanique et vide un peu comme un grand livre d'images légendées mais sans texte pour approfondir ce qui flatte l'œil et le souvenir sans trop nourrir l'esprit.

Voilà moi qui m'apprêtais un peu à démolir le documentaire j'ai du mettre un peu de sang dans mon vain courroux pour relativiser légèrement ce qui m'avais tant irrité à la vision de In Search of Darkness. Objectivement je n'attends pas grand chose de plus des prochaines quatre heures trente à venir du second volet si ce n'est de réparer les trop nombreux oublis du premier et de me replonger dans des confidences et des extraits qui me donneront assurément l'envie de revoir quelques films. J'ai cherché dans In Search of Darkness des motifs de satisfactions et ils sont finalement peu nombreux. A défaut d'y avoir trouver une mine d'informations et d'analyses je me contenterai finalement du plus important à savoir que le documentaire donne une furieuse envie de (re)voir pas mal de films.