Après le Sixième Sens, le quatrième film de Shyamalan était voué à faire partie d’une trilogie (avec Split et Glass) à laquelle peu de choses le prédestinaient encore. Par contre, lui prédestinait apparemment L. Jackson à des rôles de super-héros, le futur Nick Fury jouant ici un certain Mr. Glass – je me doutais effectivement que ce n’était pas innocent.


Instillant la psychose dans sa caméra et bardant son film d’une symbolique aussi évidente qu’inattendue (c’est le fondement de Shyamalan), il ne fait pas attendre la fausse adaptation de comicbook qui s’en vient ensuite, interprétation psychologique des redites de Marvel sous une forme qui marche bien parce qu’elle ne n’attache à rien.


Écrit comme un roman et fort d’un souci machiavélique de l’image, Unbreakable captive et nous résume tout sur la griffe du réalisateur : des enfants bizarres, des coupures presque à contresens, voilà le moteur lancé et il toussote à peine sur une fuite de coïncidences. La relation de couple fragile est là aussi pour rappeler que c’est le gars qui a fait Sixième Sens (ce qu’une bonne vieille affiche s’empressera de nous rappeler également) et j’y vois malheureusement la mise sur la carte commerciale.


Le fait que ce film soit le préféré de Shyamalan parmi les siens tend à me donner tort, pourtant il tient du même principe, de la même ambiance, comme pour rassurer : tout se résout dans des recoins sombres ouvrant sur un gros plot twist. Dans cette catégorie, je ne me vois mettre au crédit d’Incassable que le rythme, osé et bien entretenu.


L’œuvre donne le sentiment d’avoir été imaginée en standalone et finalisée dans l’esprit de la série qu’elle est devenue. Rétrospective certes, mais elle donne sens à l’incapacité que l’on a de glisser son scepticisme dans le visionnage : Shyamalan ne nous laisse globalement pas le temps d’y penser et c’est très bien, mais parfois on est amené à enlever les œillères du standalone, et cela peut demander des efforts de se rappeler que le texte et l’image tiennent largement la route.


Quantième Art

EowynCwper
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le 16 sept. 2019

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Eowyn Cwper

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