Les dieux de l'Olympe eux-même savent à quel point je ne prête peu voir aucune attention à ce genre de films dramatiques sur la guerre. Et pourtant j'ai adoré Incendies et non pas seulement pour son twist-ending facile pour émouvoir et perturber le spectateur. Et c'est bien souvent ce que je reproche aux films à twist, cette facilité technique à balancer une histoire fade qui va connaître son fameux coup de théâtre vers les trois quarts du visionnage à "notre grande surprise".
Avec Incendies, Denis Villeuneuve travaille minutieusement son histoire. C'est une mise en scène soignée de part ses longs plans fixes et ces longues séquences. Longues séquences qui permettent de donner le temps, à moi spectateur d'assimiler les nouvelles informations révélant peu à peu et de manière très intelligente l'intrigue ainsi que son dénouement final. Longues séquences qui permettent à eux, acteurs, de prendre le temps de vivre le moment, de subir la tragédie (référence notamment à l'une des scènes finales avec les jumeaux assis l'un à côté de l'autre sur un lit). Incendies c'est un peu comme ce super gâteau au chocolat dans lequel vous découvrez plusieurs couches succulentes de mousses, de crèmes et de pépites à mesure d'y enfoncer la cuillère. Alors, on bave tout le long... Sur le film je veux dire...
En plus d'avoir cet habilité à créer un suspens grandissant, l'histoire est parfaitement racontée tant visuellement que dans les répliques. Moi qui suis généralement contre les principes de chapitres avec des titres apparaissant à tout va, me disant que le récit doit se suffire à lui-même et que tout ajout textuel ne devrait pas être indispensable... Ici j'ai trouvé ça très intuitif! La complexité de l'histoire est révélée par l'image, du texte, des objets et des personnages plus ou moins importants que l'on découvre succinctement et c'est fait de manière admirable.
Je pense que le fait que l'histoire soit adaptée d'une pièce de théâtre y est pour quelque chose. Je ne serais dire si c'est bien fidèle à cette-dernière mais déjà sa retranscription à l'écran sous la forme d'un long métrage, est juste parfaite. Et pourtant une déferlée de films que je trouve extrêmement mauvais, surtout dans le cinéma français ont déjà proposé mille et une histoire enchainant faits dramatiques et controversés. Mais je les ai trouvé souvent d'une médiocrité implacable en me disant que ces films ont leur réputation pour leur thématique mais en soit ils n'ont pas d'âme (le réalisateur, scénariste et les acteurs y sont pour beaucoup).
Pourtant ici, c'est puissant et bluffant. La première partie du film ne m'a pas emballé plus que cela et puis tout part de manière crescendo, tout s'amplifie progressivement comme une petite flamme qui se transforme peu à peu en incendie! En résumé, c'est l'interprétation que j'en fais du titre en tout cas, bien qu'une série de scènes pyrotechniques soient aussi présentées dans le film pour la représentation des conflits communautaires et religieux du Liban. Cette puissance narrative dont je parle c'est la même que celles que j'ai pu découvrir jadis dans les récits métaphoriques et symboliques de la Mythologie grecque. Les personnages principaux vivent un peu leur Odyssée entre le Canada et le Liban et avec le twist final on fera très facilement le rapprochement avec l'une des histoires les plus célèbres de l'antiquité. Une véritable tragédie québécoise-libanaise à la sauce grecque, tiens ça aurait pu être mon titre...
Mon odyssée Villeneuvienne continue avec Sicario, dans la critique suivante...