Incendies est un film maitrisé. Via une architecture à la Citizen Kane vue et revue, Denis de Villeneuve compose un excellent assemblage entre passé et présent (jusque là tout va bien), jouant brillamment entre ambigûité et ironie dramatique (fait plus rare).
Chronique d'une sale guerre par la marge, Incendies est un film filmé, découpé et monté, ce qui constitue une éspèce de petit miracle dans ce type de productions, où une vision auteurisante de la Guerre motive bien trop souvent un manque d'ambition formel. L'opus, prenant, réserve son lot de morceaux de bravoure, tel le massacre d'un bus entier, ou cette belle scène voyant Jeanne rencontrer les femmes du village natal de sa mère pour se faire rejeter à l'évocation du nom de cette dernière.
Celà dit, le film n'est pas sans faiblesse. Les personnages sont souvent sans reliefs et pas franchement réhaussés par la qualité du casting. Si Lubna Azabal confirme tout le bien que l'on pense d'elle (même vieillie par un maquillage raté), on a connu Rémy Girard plus truculent... Les enfants, eux, sont tout bonnement inéxistants.
On passera aussi sur ces ralentis penibles avec Radiohead en fond sonore ou les métaphores aquatiques qu'on préfererait relégués aux jeunes réalisatrices issues de la Femis.
Boosté par un Twist final qui fait balancer le film dans l'horreur sans basculer dans le morbide, Incendies rentabilise avec bonheur le talent de son metteur en scène et la solidité de son script.