Je ne connaissais rien de ce film à part son affiche et la petite réputation qu'il s'était fait chez les cinéphiles. Ne rien connaître de l'histoire est une grande chance, car cela permet de découvrir chaque instant du film. Ce dernier démarre sur une de ses plus belles scènes (même si je n'aime pas les ralentis) ayant pour sujets de jeunes garçons de faisant raser le crâne par des hommes armés. Au décor et aux physiques des protagonistes, nous sommes au Moyen-Orient. Le dernier plan de cette scène s'appuie sur le regard insistant d'un enfant, face caméra.

Puis l'histoire démarre, bondissant jusqu'au Canada dans le cabinet d'un notaire faisant lecture d'un testament à Jeanne et Simon, des jumeaux dont la mère, Nawal, vient de décéder.
Tout le déroulé du film se fera ainsi, en flash-back, naviguant entre l'existence de Nawal et le présent des jumeaux. Ces derniers, selon les dernières volontés de leur mère, devront remettre deux lettres à des hommes qu'ils n'ont jamais connus : leur père et leur frère.
Direction le Liban natal de Nawal pour une enquête qui va surtout leur apprendre beaucoup de choses de la vie de leur propre mère.

Je ne dévoile plus rien de l'histoire, car cette dernière est un bien trop précieux pour se voir ainsi déflorer. C'est au spectateur de décortiquer les faits et se laisser happer par cette implacable chronologie.
Je préfère alors développer mon ressenti quant à la réalisation de Denis Villeneuve dont j'avais déjà vu Un 32 Août sur Terre que j'avais déjà beaucoup aimé. Le réalisateur a su jongler avec les époques avec un certain talent, sans noyer le spectateur sous un flot d'informations et d'évènements qui auraient pu gêner la compréhension. Le tout est assez fluide mêlant courts plans séquences et montage classique. On sent qu'il a souhaité de la mise en scène serve l'histoire, et non faire de l'esbroufe.

Le film aborde des sujets très forts, puissants, parfois extrêmement touchants mais sans jamais verser dans la larme facile. Je mettrai tout de même un petit bémol à cela en appuyant la critique de christou (dans le match) qui souligne judicieusement qu'à force d'effleurer les émotions parfois (notamment la souffrance de son héroïne, Nawal), il tue dans l'œuf certaines scènes qui auraient parfois mérité plus d'égard. Par contre, pour moi, cela n'a pas de rapport avec la volonté esthétique du film que soulève christou.

Pour ma part, j'aurais pu mettre 8/10 mais il est vrai que la fin ne m'a pas convaincue. Je n'ose en dire plus mais certains détails (peut-être mieux expliciter dans la pièce d'origine) manquent de cohérence pour donner à cette fin toute la puissance qu'elle mérite.

En résumé, il s'agit donc d'un très bon film, qui aurait pu frôler l'excellence, grâce à une réalisation remarquablement soignée et un thème à la fois universel et singulier.

[EDIT : Revu le 12.01.14, j'ajoute un point au film.]
Before-Sunrise
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le 16 nov. 2011

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Before-Sunrise

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