Dom Cobb est un voleur confirmé, le meilleur dans l'art périlleux de l'extraction. L'extraction consiste à s'approprier les secrets précieux d'une personne, enfouis au plus profond de l'inconscient pendant qu'elle rêve et que l'esprit est le plus vulnérable. Le milieu de l'espionnage industriel convoite Cobb pour ses talents.
Dom Cobb est alors un fugitif recherché parce qu'on croit qu'il a assassiné sa femme. Une ultime mission pourrait lui permettre de retrouver sa vie antérieure et de revenir chez lui, auprès de sa famille. Sa tache, et celle de son équipe, serait, non de subtiliser une idée, mais d'en implanter une dans l'esprit d'un jeune industriel dont le père vient de mourir et dont la concurrence souhaiterait qu'il détruise l'empire. Si Cobb parvenait au but fixé par le magnat japonais, qui a recours à ses services, il serait parvenu au crime parfait. Soit un crime exécuté par la victime elle-même. D'autant que Cobb a déjà réalisé cette prouesse sur sa propre femme, en la persuadant que ce qu'elle vit est irréel. Cette idée d'existence virtuelle rongera la jeune femme au point qu'elle se jettera par la fenêtre, peut-être pour tenter de se réveiller...Concept séduisant et très à la mode dans notre monde moderne, où nombre de personnes se croient manipulées par l'opinion et les pouvoirs en place. Cependant, aucune stratégie n'a pu préparer Cobb et son équipe à un ennemi aussi dangereux, qui semble avoir toujours une mesure d'avance.

Certes, l'idée était intéressante, encore qu'il soit difficile de transcrire l'abstrait en images. Pour y parvenir, il aurait fallu la traiter de façon plus lisible, plus sobre, plus simple. Ici la technique et les effets spéciaux sont à ce point envahissants que l'émotion et l'envoûtement sont quasi impossibles, même lorsque le cinéaste nous révèle le talon d'Achille de son héros : le suicide de sa femme et l'éloignement de ses enfants. Ces quelques scènes réussies, grâce à l'interprétation de Leonardo DiCaprio, sont malheureusement noyées sous un déluge de bruit, de scènes désordonnées et sans suite qui nuisent à la compréhension et à l'adhésion du spectateur. On a le sentiment, non d'évoluer dans un songe, mais de se débattre dans un cauchemar violent et fatalement incohérent. Est-ce là le rêve supposé du XXIe siècle ? Et dire que quelques critiques parlent déjà de chef-d'oeuvre. Christopher Nolan serait-il arrivé à leur implanter dans le cerveau qu'il est l'auteur du film le plus intelligent et audacieux jamais réalisé ? Serions-nous en pleine confusion et quelques scènes originales suffisent-elles à sauver cet opus de son impact désespérément brouillon et pompeux, dont les personnages n'ont aucune chair, aucune crédibilité, aucune réalité ? Et que sont allés faire dans ce foutoir l'excellent acteur DiCaprio et la charmante Marion Cotillard qui ne sont pas parvenus à atténuer la désillusion provoquée en moi par cette projection ? C'était le début de l'après-midi, il pleuvait... J'aurais mieux fait d'aller marcher sous la pluie en compagnie des mouettes et des goélands.

Nous sommes confrontés en permanence à un délire onirique où plusieurs rêves, à divers stades de profondeur, s'emboîtent les uns dans les autres. Pour nous convaincre du bien-fondé de sa démonstration, Christopher Nolan ne lésine pas sur les effets spéciaux, les combats en apesanteur, les constructions virtuelles qui s'écroulent et tous les truquages possibles et imaginables que la technique est désormais capable de concrétiser, cela redondants et apocalyptiques à souhait. Sans compter avec la musique tout aussi redondante et appuyée qui est sensée accompagner notre plongée en apnée dans ce labyrinthe assourdissant et ubuesque. Oui la musique agresse autant nos oreilles que les images embrouillent notre esprit. Les spectateurs français se laisseront-ils séduire par ce déluge de technologie qui a nécessité des sommes colossales et bénéficié d'une médiatisation incroyable - je dirai d'une propagande - et dont la mission n'est autre que de nous en jeter plein la vue. Raté. Le colosse aux pieds d'argile accouche d'un nain.
abarguillet
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le 7 avr. 2013

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