Inception par Ƭhomas Ƥérillon (LBDM)
Quatre ans après le méconnu mais non-moins génial Le Prestige et deux ans après le jouissif The Dark Knight, Christopher Nolan réalise avec Inception un film ambitieux, grandiose et complexe, diablement divertissant et palpitant. Ambitieux car le réalisateur britannique choisit d'explorer le thème des rêves et du subconscient (d'autres s'y sont déjà essayé, avec un traitement et une orientation différents : Michel Gondry ou David Lynch notamment). D'ailleurs, Inception semble être l'antithèse de Inland Empire, Nolan choisissant de décortiquer les rêves de façon mécanique, psychologique, avec une approche presque cartésienne. Grandiose car la mise en scène de Chris Nolan est renversante, jamais tape à l'oeil, toujours au service du récit et de l'intrigue. Certaines séquences sont à couper le souffle, et les effets visuels sont sublimes et brillamment réussis (le cinéaste a préféré des effets visuels plus mécaniques que numériques, grand bien lui en a pris). Complexe mais pourtant très cohérent, Inception tient la route du début à la fin, avec une gestion du rythme exceptionnelle, une montée en puissance progressive et une richesse et une lisibilité indéniables.
La bande son de Hans Zimmer n'est pas sans rappeler celle qu'il avait également composée pour The Dark Knight. Parfois grandiloquente ou même un peu redondante, elle ajoute néanmoins une certaine prestance au film, là où celle de Shutter Island par exemple s'avérait assourdissante et envahissante. Continuons le parallèle avec le dernier film de Scorsese en s'intéressant à la performance de Di Caprio. L'acteur américain, pas vraiment convaincant dans le rôle de Teddy Daniels (il n'avait assurément pas le physique de l'emploi), est beaucoup plus à son aise dans Inception. Sa partenaire à l'écran et amie dans la vie, Marion Cotillard, qui alterne dans sa carrière l'excellent et le contestable, est la pièce maîtresse du film. Elle incarne Mall avec beaucoup d'élégance, de charisme et de sensibilité. Une interprétation remarquable de l'actrice française, qui n'est pourtant pas toujours irréprochable, mais qui ici se voit offrir certainement son plus grand rôle. Les seconds rôles sont plutôt bons dans l'ensemble. On retiendra surtout Joseph Gordon-Levitt – qui crevait déjà l'écran dans Mysterious Skin ou (500) days of Summer – et Cillian Murphy, très bons dans leurs rôles respectifs. Enfin, saluons à nouveau la superbe photographie de Wally Pfister et son équipe, collaborateur attitré de Christopher Nolan depuis Le Prestige.
Inception ne mérite peut-être pas encore l'étiquette de "chef d'œuvre" – attention à l'utilisation souvent galvaudée de ce terme – mais il est assurément un grand film trônant aisément au dessus de l'immense majorité des blockbusters sortis depuis dix ans. Christopher Nolan parvient comme personne à allier le fond et la forme et délivre à nouveau un divertissement de qualité, intelligent et captivant, techniquement et visuellement éblouissant. Un régal pour les yeux et les méninges.
En résumé : Un scénario brillant, une réalisation virtuose pour servir le récit, une mise en scène éblouissante, des acteurs impeccables dirigés de main de maître, une bande son étourdissante... depuis Le Prestige, Christopher Nolan confirme qu'il fait partie des plus grands réalisateurs du septième art. Assez lisible pour le grand public et suffisamment complexe et fascinant pour les spectateurs les plus attentifs et exigeants, INCEPTION est un bonheur de presque 2h30, un divertissement intelligent incroyablement bien foutu. Si je n'ai pas eu un aussi gros coup de cœur personnellement comme avec Le Prestige ou même The Dark Knight, j'ai tout de même ressenti un énorme plaisir au visionnage du dernier film de Nolan, plaisir qui me conduira probablement à retourner le voir très bientôt, ne serait-ce que pour éclaircir davantage certains détails de l'intrigue ou peut être tout simplement pour revivre de nouveau cent quarante-huit minutes de délectation intellectuelle et cinématographique.
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