Après avoir mis Hollywood et accessoirement le monde, à ses pieds avec le génial The Dark Knight, Christopher Nolan a logiquement pu obtenir un budget colossal (200 millions de dollars) afin de porter à l'écran une histoire complètement folle qu'il a mis plus de dix ans à écrire. Ainsi au même titre qu'Avatar pour James Cameron, Inception est l'aboutissement d'un long processus créatif et condense le meilleur du cinéma de son auteur dont on retrouve ici le goût pour les intrigues tortueuses ou plutôt : labyrinthiques.

On a souvent dit qu'Inception était une version blockbuster du brillant (mais un peu chiant...) Memento, toutefois cette affirmation n'est pertinente que dans une certaine mesure. En effet, si la thématique du deuil et de l'amour perdu ressurgit, c'est là le seul point commun entre les deux œuvres car malgré son script alambiqué, Inception est bien loin d'être aussi hermétique que Memento.
Ainsi, j'ai trouvé que malgré ses nombreux degrés de lecture et sa richesse, le scénario d'Inception n'était qu'un prétexte pour un brillant exercice de style, impression renforcée par le rythme très soutenu du métrage malgré une durée de près de 2h30.
Se déroulant sur fond d'espionnage industriel, l'intrigue concoctée par Nolan ne décrit aucune société futuriste et prend place dans un univers intemporel et international aux paysages superbement filmés qu'ils soient urbains ou naturels. De plus, point de métaphores, ni d'allégories sur nos sociétés actuelles : Inception est un film à la fois épuré et complexe. Epuré parce que la narration est débarrassée de tous les éléments superflus inhérents à la SF pure et complexe parce que l'architecture et les fondements de l'esprit humain sont au cœur du scénario occasionnant quelques scènes parfois lourdement explicatives qui témoignent toutefois de la fertilité de l'imagination de Nolan.
Les enjeux liés à la technologie au cœur de l'histoire sont donc assez difficile à appréhender et on pourra reprocher à Nolan d'avoir inutilement compliqué son intrigue qui bien que transcendée par une fluidité et un sens du rythme remarquables, reste purement fonctionnelle et pour cause l'intérêt est ailleurs !

En effet, le film est une des œuvres les plus abouties de ces vingt dernières années en termes de mise en scène. Inception fait partie de ces métrages qui vous en mettent plein la vue tant chaque plan, chaque décor et chaque effet spécial semble avoir fait l'objet d'un soin particulier. Nolan y confirme également ses progrès spectaculaires en matière d'action, notamment lors d'un climax final de plus d'une demi-heure, époustouflant sur le plan formel et même scénaristique tant les différents rebondissements sont bien gérés.
Le spectacle orchestré par le cinéaste vaut donc à lui seul le déplacement, cependant, il manque à Inception un supplément d'âme et d'émotion qui en aurait fait un chef d'œuvre absolu.
Ainsi, on regrettera une caractérisation des personnages trop sommaire alors que paradoxalement, les acteurs sont excellents de Joseph Gordon Levitt et Tom « Bronson » Hardy parfaits en hommes de main en passant par Elen « Juno » Page, Ken Watanabe et l'inoxydable Michael Caine. Même notre Marion Cotillard nationale s'en sort plus que bien dans un rôle pourtant assez difficile. Les personnages secondaires sont donc mis en valeur par leurs interprètes mais peinent à exister, étouffés par les nombreux rebondissements et la multiplication des enjeux. Les protagonistes campés par de Marion Cotillard justement, Di Caprio et Cillian Murphy (tous les deux impeccables) s'imposent comme les seuls vecteurs émotionnels du métrage.

Au final, si Inception s'impose comme une référence dans son genre et comme une des rares propositions de cinéma originales à l'heure où on nous abreuve de remakes et de suites, le film n'est toutefois pas le chef d'œuvre absolu que certains encensaient avant même sa sortie.
Nolan a adopté une approche résolument tournée vers l'entertainment et moins radicale qu'on aurait pu le croire mais son film n'en demeure pas moins fascinant et très au dessus de la moyenne des blockbusters actuels en terme de spectacle.
Pas le raz-marée attendu donc mais un divertissement cinq étoiles dont la fabrication et l'interprétation forcent le respect.
Diego290288
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le 27 mars 2011

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