De Christopher Nolan, je suis un fan de la première heure.


J'ai vu et aimé Following en salles, précédé de son court métrage Doodle Bug un matin de Décembre 1999, et un an plus tard Memento m'a favorablement impressionné malgré un casting flippant ( deux rescapés de Matrix, quand même ! )

Ensuite ça se gâte parce que je trouve Insomnia complètement insipide, j'aime qu'à moitié ses BatMan et The Prestige est tellement en deçà du génialissime livre de Christopher Priest qu'il m'a complètement blasé...



Alors... Fan de la première heure, mais pas de la deuxième ?

Réponse sera faite en ce dimanche solennel, dans la salle 1 de UGC-Les Halles !


Dès le début, le film m'apparaît comme trop clair, évident et prévisible. Un film qui est en définitive un gigantesque rêve, une ode au pouvoir de l'esprit, devrait perdre un minimum son spectateur à un moment ou à un autre... Mais là non : tout est livré clef en main, aucun véritable effort de concentration n'est demandé. C'est du light, quoi...



Le film repose sur un unique principe qui est décliné au delà du raisonnable sans jamais prendre de risques, là où ses prédécesseurs, de Freddy à Nightmare Detective en passant par DreamScape et Paprika, parvenaient, chacun dans son petit domaine, à utiliser ce qu'est fondamentalement un rêve ( et le fait de se perdre dedans ) pour trouver un angle d'attaque intellectuel ou graphique qui le tire vers le haut.

Avec Inception, Christopher Nolan cherche à tout prix le dénominateur commun le plus bas. C'est pourquoi, au bout d'un moment je me demande pourquoi la moindre anicroche se règle au fusil-mitrailleur. T'es dans un rêve, putain ! Sors de l'ornière ! En plus, les premières scènes d'immersion-onirique d'Ellen Page montraient qu'on peut vraiment jouer avec l'environnement, même quand c'est pas son propre rêve qu'on visite...


Et puis avant de savoir avec certitude ( beaucoup trop tôt, en ce qui me concerne... ) que le film est un foutu délire de Leonardo DiCaprio dans les "limbes", le pitch est quand même complètement con.

C'est un type, Ken Watanabe, qui a besoin que la multinationale tentaculaire d'un concurrent à l'article de la mort soit démantelée par son unique héritier. Ce type il est capable d'acheter une compagnie aérienne sur un coup de tête, et de soudoyer les douanes et le FBI en un coup de fil. Alors, quelles sont ses options pour foutre la merde dans l'empire ennemi ? Assassiner l'héritier en faisant péter son avion ? Le kidnapper et le lâcher sur une île déserte avec Tom Hanks ? Non, trop facile ! Il va appeler Léo et son équipe pour lui implanter l'idée de démanteler l'héritage lui-même avec ses petites mains, en utilisant une technologie à moitié ratée, qui n'a pas réussi à le duper lui-même...
Et c'est parti pour dix heures de folies...



Alors évidemment raconté comme ça, c'est pas glamour, c'est railleur et pure vilenie de ma part, d'autant que très vite, le film parvient à bifurquer vers une autre proposition : il est possible que Léo soit complètement perdu dans ce qu'il appelle les "limbes". Un non-lieu du royaume de Morphée où l'on peut rester coincé des années avant son réveil. Au détour d'une scène, il en expose les règles : quand on meurt dans un rêve, on se réveille en sursaut, SAUF si on est sous un sédatif trop puissant. A ce moment, on part dans les "limbes" et on reste bloqué jusqu'au véritable réveil. Ok ?
- Comment il le sait ?

- Une fois il est resté cinquante ans avec sa meuf !

- Comment il s'en était sorti ?

- En se suicidant dans les "limbes" !

- Ah ouais ? Mais je croyais que c'était pas possible... Il y est toujours alors !?

- *Eeuh oui, monsieur.
*
- Ah OK. Donc je me tape tout un heist-movie avec des fusils-mitrailleurs de partout pour rien ?

- J'en ai bien peur...

- *Foutrebleu !
*


Allez, un autre petit indice pour vous prouver que je fais super-gaffe à ce qu'on me dit dans les films : Quand Cillian Murphy se fait descendre, il arrive pile-poil dans les limbes décrites par Léo auparavant, ce qui n'a de sens que si L'ENSEMBLE du film est un long rêve de Léo lui-même...



Donc bon vous m'excuserez si, sur la fin, je me suis carrément fait chier.



  • CUT -


Initiate Phase #2 :


Si j'ai passé le plus clair de mon article à écrire un simulacre de descente-en-règle, c'est pour mettre un terme à tous les "IN-croyable !" , "Du jamais vu !" , "Trop intelligent !" , "je plane encore !" et autres "Film le plus ambitieux jamais raconté !" que j'ai pu lire, ça et là, au cours de la semaine...



Mais en définitive, quel que soit l'angle de vision ( Braquage ou Rêve ) le film, s'il demeure pour moi trop simplet, propose une bonne rasade de morceaux de bravoure à la cool. Une fois que j'ai accepté qu'on aurait rien de bien malin à se mettre sous la dent, j'ai pris plaisir à voir son p'tit délire perso, complètement décomplexé et jamais franchement néfaste, contrairement à Matrix et les derniers James Bonds ( que l'affiche met en exergue pour tenter de vendre le film à qui mieux mieux ).


Les acteurs, on est tous d'accord, s'en donnent à cœur-joie et prêtent leurs charismes à des rôles à peine esquissés, la photo parvient à se renouveler suffisamment pour identifier dans quelle couche de rêve on se trouve, sans sombrer vers le Soderberghisme grossier ( Traffic ! ) et les effets spéciaux, à de rares exceptions près ( j'ai trouvé que le moment où Leonardo et Ellen montent sur le trottoir vertical dans la scène de retournement de Paris était vraiment mal foutu ) fonctionnent du tonnerre.


En matière de blockbuster moyen, mais faramineusement budgeté, Inception parvient sans effort à faire la nique à une horde de saloperies qui ont pollué l'espace cinématographique ces dernières années ( Wolverine, Bourne 2, les trucs comme ça... )
Et j'en arrive à comparer ce qui est comparable : Christopher Nolan n'a absolument pas dans ses mains un engin qui peut rivaliser avec Satoshi Kon, donc je vais pas non plus trop lui en demander ! Il est sympa son film. Sympa.



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Mais deux heures et demi de Vichy Célestins quand on carbure au Whiskey ( ou au Saké )...
Ça fait long.


Moi j'aurais quand même aimé être un peu paumé à un moment où à un autre, et que les fusillades ne soient pas réponse à tout. J'aurais voulu des mecs qui volent parce qu'ils le veulent, pas parce qu'une apesanteur leur est imposée. Que les lieux s'enchaînent sans cohérence, que des personnages changent de tête sans crier gare, qu'on explore, même en mode PG-13, l'idée de la libido au sein des rêves...



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J'ai bien aimé dans ce film qu'il n'y ait pas à proprement parler de figure de méchant. A l'extrême rigueur si on doit en identifier une, ce serait Leonardo lui même, mais dans le déroulement, on n'a que des assaillants motivés, et un petit prince qui ne demande pas mieux que de faire ce qu'ils veulent. Du coup l'idée qu'il faille en découdre avec des figurants est un peu vaine ( vu qu'on s'en fout, ils ne sont que des projections ! ) mais permet de leur mettre la pâtée sans sourciller, et de livrer deux ou trois scènes ( je vais compter la fusillade-poursuite-en-van, les empoignades dans le couloir, et la fusillade-de-la-neige ) bien ficelées, au bodycount plus ou moins sévère sans sacrifier à la sacro-sainte règle du PG-13. Plutôt malin, non ?




  • CUT -


Je me suis un peu senti face à une gigantesque imposture avec un plan final en mode pied-de-nez "nananananèreuh" alors que le film ne laissait aucun doute là dessus...
 Je préfère donc me remater des Satoshi Kon ( surtout la fin de Paranoia Agent ), au moins ils ont la décence de ne point durer trop longtemps.



//END Phase#1//



  • CUT -



Donc au final, si je suis du genre à rabaisser artificiellement les petits films portés plus haut que leur dû par une bande de puceaux en mal d'émotions fortes, je sais aussi reconnaître que même si ce petit Inception ne me procure rien, il n'en constitue pas moins une réussite du genre.




  • FADE TOUT BLACK !


Vous pouvez vous réveiller. De toutes façons, je l'ai même pas vu le film, j'ai tout fait semblant.

mikeopuvty
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le 30 sept. 2011

Modifiée

le 26 juil. 2012

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Mike Öpuvty

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