Autant le dire tout de suite, je fais partie de ces mioches qui il y a vingt ans se délectaient de ce genre de films où la catastrophe est reine, où le nanar avait encore ses lettres de noblesse et où les effets spéciaux avaient un vrai sens.
Independance Day n'est donc pas un grand film, la vague du genre film catastrophe dans les années 90 en témoigne, mais avec des personnages sympas, une dose d'humour au second degrés et des extraterrestres, on ne chipote pas à 10 ans.
Il était donc évident que c'est avec un certain enthousiasme qu'on accueille les premières images d'une suite ; néanmoins on a plus 10 ans et on est pas vraiment fan du travail de Roland Emmerich. Ce nouvel opus confirme non seulement le non talent du réalisateur mais tout autant un manque de renouvellement de la part des studios. Les meubles sont difficiles à sauver tellement les faux pas s’enchaînent alors qu'on n'attendait pas plus qu'un bon nanar.
Si les explications rapides du début pour poser les jalons d'un futur alternatif ne sont guère convaincantes mais acceptables, on déplore surtout un manque évident de réflexion sur le scénario. Comme si personne n'avait vraiment pensé à un après Independance Day. La sauce de l'union se fait plus forte alors que le contexte actuel est quelque peu déstabilisant, mais c'est tout l'art de l'Amérique de réunir les peuples par le biais de sa « sagesse ».
Les personnages qu'on retrouve avec plaisir perdent vite leur saveur, reprenant leur rôle sans plus d'audace, parfois inexistant ou carrément absents sans plus de sentimentalisme (on a bien compris que Will Smith ne voulant pas signer serait relégué au rang des morts). La relève n'est pourtant pas assurée, parachuté dans une querelle dont on a rien à foutre entre un trio de gros muscles tout en beauté, le spectateur oscille entre tous sans jamais prendre plaisir à suivre leurs histoires (et pourtant on l'aime notre Jeff Goldblum).
La réalisation est à la hauteur des effets spéciaux, quasi inexistante, foutraque et peu subtile. Aucune dramaturgie ne vient souligner la mort des personnages ; aucune tension ne se distingue dans ce lot de montagne russe. A l'image de 2012 (aussi de Emmerich) on bascule dans la surenchère d'effets spéciaux, où personnes d'autres ne compte que l'image, même si elle ne signifie rien et qu'on a vu mieux question destruction. Même de ce côté là on est déçu de l'explosion : moins retentissante que dans le précédent film, elle utilise la gravité pour faire retomber les immeubles comme une masse, et sans enjeux.
Le scénario ne retient rien du premier film, laissant les personnages faire les mêmes erreurs, alors qu'on prônait l'union au début. L'Amérique reste le premier sauveur de l'humanité quand les autres nations sont reléguées dans des tentes, pendues à leur transistors. Le comble viendra d'une seconde entité extraterrestre tout droit sorti des questions sur l'ère virtuelle que notre société subit ; sans jamais se rendre compte du ridicule de la situation (la sphère m'a rappelé H2G2 allez comprendre).
On se raccroche comme on peut à un film qui perd la subtilité de ses personnages principaux, pour se fourvoyer dans une guerre des étoiles au lieu de se concentrer sur l'enjeu d'une seconde invasion. On se doute bien qu'un troisième film verra le jour, mais on est en droit de se demander si cela vaut la peine de mettre des millions dans un film qui se classe bien en deçà d'un nanar.

LuluCiné
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le 24 juil. 2016

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