Honnêtement, je ne me souviens plus très bien d'Independence Day premier du nom ; je l'ai vu gamin, voyant à peine les grosses ficelles. Mais depuis, Roland Emmerich n'avait plus trop la pêche : après le 11 septembre, il faut bien avouer que le destruction porn faisait grise mine. Pour se sustenter en destructions mondiales, Emmerich s'est donc un temps rabattu sur des causes écologiques (Le Jour d'après, 2012), avec toutefois ce gros problème que quand c'est Dame Nature qui s'y met, y a personne à qui on peut péter la gueule. On pensait le père fondateur (façon de parler) du destruction porn complètement perdu quand il s'est aventuré dans la fresque préhistorique (10 000) ou shakespearienne (Anonymous). Heureusement, 20 ans s'est maintenant écoulé depuis le premier passage de bulldozer extraterrestre, pile le temps qu'il fallait pour que la médiocrité devienne nostalgie et pour qu'Emmerich reprenne son hobby favori : le dégommage international menant à une guerre interstellaire a priori sans espoir alors qu'en fait que non !


Avec ou sans Will Smith (la star de Suicide Squad doit se croire trop important pour continuer à faire mumuse avec les aliens, alors que Jeff Goldblum et Bill Pullman ont eux encore de l'humour), cet Independence Day : Resurgence est tout à fait dans la lignée du premier épisode. Emmerich s'amuse encore à tout péter sur son passage, au point cette fois de faire tomber la tour de Dubaï sur le Big Ben à Londres (!), et à mettre en exergue la capacité guerrière de l'humanité et non plus seulement des Etats-Unis. Et oui, parce qu'après la première branlée y a vingt ans, les humains se sont enfin aimés les uns les autres bordel de merde, et on convie même un chef de guerre africain (venant du pays d'Afrique donc) à tâter de sa machette sur les extraterrestres. Dans un scénar en pilotage automatique, programmé pour renouveler les enjeux toutes les dix minutes, les personnages chargent donc tête baissée sur l'ennemi avec toutes les trompettes à la disposition des compositeurs Harald Kloser et Thomas Wanker, avec aucun souci de stratégie ou de géopolitique. Si, Independence Day : Resurgence a tout de même ceci de progressif d'avoir élu une femme à la présidence des Etats-Unis (ne vous inquiétez pas : elle est tout à fait inapte à cette tâche !), un peu à la manière dont Morgan Freeman préparait à l'arrivée d'Obama à la Maison Blanche dans un film aussi nul que Deep Impact.


Encore une fois, je ne me souviens plus très bien du premier film, mais j'ai l'impression qu'il y a dans cette suite un peu de second degré (si, si, je vous assure !) qu'Emmerich s'approprie plus mal que bien, et il y a surtout le facteur Asylum qui entre en jeu. C'est à dire que depuis 1996, époque où Independence Day pouvait s'imposer pénard comme LE blockbuster de l'été, toutes les grosses prods d'Hollywood ont depuis eu droit à leur mockbuster, concocté par des zédards sans le sou mais faisant au moins aussi bien que leurs modèles grâce à une bêtise totalement assumée, revendiquée même. Et bien ce qu'il y a de sidérant avec cet Independence Day : Resurgence, c'est qu'il ose couper l'herbe sous le pied à Asylum, livrant une production qu'on devine plus cossue uniquement grâce à la qualité relative de ses effets spéciaux et sa longueur ! Du coup, Roland Emmerich et sa bande ne se font eux-mêmes plus aucune illusion sur la médiocrité de leur produit, se foutant rétrospectivement de leurs propres gueules. Un tel aveu de faiblesse et de ringardise de la part des créateurs pensant bien faire rend le film encore plus indigeste, l'échec encore plus cinglant.


Ne reste donc à sauver de cet Independence Day : Resurgence que les jolis minois de Maika Monroe (It Follows) et Angelababy (Detective Dee 2), et de Charlotte Gainsbourg, semblant bien s'amuser avec Goldblum à venir toucher tranquillement son gros chèque.

BastienMarie
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le 4 août 2016

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Bastien Marie

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