Depuis quelques années, si vous êtes amateur de jeux-vidéo, vous vous serez facilement rendu compte de la recrudescence de ce que l'on appelle les jeux indépendants. En général des jeux totalement différents de ce qu'on voit dans le commerce, pour certains beaucoup plus inventifs et relevants souvent du chef d'oeuvre artistique. Indie Game : The Movie se pose donc en représentant de cette "nouvelle" génération de jeux, même si il arrive totalement à louper sa cible.

Il y a quelque chose de fantastique dans Indie Game, c'est sa capacité à se représenter en tant que défenseur d'un genre peu représenté sans jamais approfondir le sujet ou essayer d'en apprendre plus à un grand public qui trouverais cela totalement obscur. Non ici on préfère beaucoup plus le mélo, le pathos à outrance afin que le spectateur se retrouve en face d'artistes désœuvrés, au bord du suicide et en qui seuls ses parents ou sa grand-mère croit. En fait Indie Game ne défend rien, il cherche à nous faire croire que les petits développeurs créatifs sont des êtres fragiles, qui eux défendent une véritable cause.

On se retrouve donc ainsi avec une mise en scène digne d'un mauvais mélo hollywoodien : les développeurs ont des dettes, risquent des poursuites judiciaires, ont des difficultés à s'intégrer socialement, sont dépressifs et souffrent même de diabète. Sans cesse, le film cherche à faire pleurer le spectateur et on ne peut qu'être atterré devant un tel ramassis de bêtises. S'en parler de la prétention absolument folle des développeurs présentés (à part Jonathan Blow, qui étonnamment est très peu présent à l'écran), notamment Tommy Refenes qui affirme réaliser des bons jeux tandis que les autres gros studios ne sont que des développeurs sans âme ni créativité. Ça sent bon l'ouverture d'esprit.

Le pire est peut-être qu'Indie Game, en plus de ne rien défendre ni rien expliquer, est chiant à en crever. Usant et abusant de la même structure narrative, le film s'embourbe dans un long processus de teasing à base de "2 moths before the release" puis "2 days" puis encore "4 hours" si bien qu'au final on commence sincèrement à en avoir marre, surtout quand c'est pour ne rien dire à part insulter les joueurs irrespectueux ou dire qu'on va se suicider si le jeu ne fonctionne pas commercialement.
La réalisation n'est même pas à la hauteur de l'édifice tant celle-ci manque d'ambition et de créativité, à croire que le couple de réalisateurs ne sait pas cadrer autrement qu'en travelling.

Bref Indie Game : The Movie est une vaste blague simplement destinée aux fanboys de McMillen et consorts, ceux qui ne jurent que par ces jeux et qui rêvent de voir leurs stars sous un angle mélodramatique et privé. Il reste malgré tout quelques passages intéressants mais tout de suite effacés par cette constante volonté à tout mettre en scène et à faire du développeur indépendant un petit artiste incompris au bord du suicide auquel il n'arrive que des embrouilles dans la vie.
Bien sûr il n'y aura aucun réelle explication, on se contentera de se concentrer sur trois jeux et rien d'autres, comme si toute la machine de communication derrière ne servait à rien.
Une sorte de mauvais film sur le rêve américain acquis par les nerds en somme.
Florian_Bodin
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le 15 juin 2012

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Florian Bodin

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