Indigènes par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En 1943, afin de tromper la vigilance des autorités de Vichy et des commissaires allemands, la Première Armée Française fut recrutée en Afrique. Elle était constituée de 200 000 hommes dont 130 000 "indigènes". Environ 110 000 de ces hommes venaient du Maghreb et 20 000 d'Afrique. Cette œuvre est un vibrant hommage à ces Combattants anonymes à qui notre pays doit tant.


Dans un petit village marocain, l'armée française recrute les jeunes hommes volontaires afin qu'ils partent délivrer la France de l'occupation nazie. Ceux-ci s'engagent avec courage et bravoure sous le drapeau français pour sauver notre pays et nous rendre la liberté. Nous suivons entre autre la tragique épopée de quatre d'entre eux qui, outre la victoire tant souhaitée, espèrent vivre pour des motivations diverses sur notre territoire. Cette Première Armée sera exposée à des combats particulièrement meurtriers. Dès 1944, elle sera en première ligne pour participer à la libération de l'Italie, de la Provence, du couloir rhodanien, des Vosges et de l'Alsace. De plus, elle devra faire face à la suffisance, au racisme et aux injustices de certains militaires français gradés ou non. Nos quatre volontaires maghrébins vont en faire l'amère expérience.


Sur ce sujet brûlant, rien ne peut nous bouleverser plus et nous émouvoir que ce film splendide de Rachid Bouchareb. Il rend enfin justice à ces hommes réputés pour leur endurance à travers quatre de ces héros: Yassir, Saïd, Messaoud et Abdelkader. Cette réalisation soignée et objective a l'immense mérite de nous faire découvrir une phase importante de l'histoire de notre dernière guerre, absente des manuels scolaires et soigneusement occultée jusqu'à ces derniers jours par nos autorités. La caméra nous plonge dans ce massacre presque permanent; la peur tenaille ces soldats partis loin de leur terre mais qui mènent un combat acharnée par amour pour la France.


L'un des grands mérites de ce film est de nous décrire cette épopée de manière simple, sans héroïsme outrancier et sans rancune exacerbée. Et pourtant, ces soldats sont l'objet de brimades, de moqueries: les courriers censurés, les distinctions et permissions refusées et autres frustrations. Il est démontré que sous le même drapeau pour une cause commune, délivrer la France, le racisme était déjà présent et cette armée venue de loin n'était pour certains de nos grands dirigeants que de la chair à canon. La scène finale est insoutenable lorsque l'on suit de nos jours un rescapé venu se recueillir devant les sépultures de ses chers compagnons morts au combat et rentrer chez lui dans le modeste studio d'un pauvre immeuble situé dans une cité dortoir. Pour quelles destinée et reconnaissance ces hommes ont-ils sacrifié leur vie pour nous délivrer du pire des fléaux ? Voilà ...


Il faut féliciter, outre le réalisateur, tous ces merveilleux acteurs, nos quatre braves compagnons d'infortune que sont Jamel Debbouze, Samy Naceri, Roschdy Zem et Sami Bouajila sans oublier la très belle prestation de Bernard Blancan dans le rôle du sergent-chef pied-noir Martinez qui a la délicate tâche de mener cette troupe à la victoire.


Bref, ce film en plus d'être un documentaire de grande valeur est également un pur chef-d'oeuvre que l'on ne doit manquer sous aucun prétexte. J'ajoute que lors de la projection de ce film dans la salle que je fréquente, celle-ci était pleine et les applaudissements jaillirent spontanément au final . C'était la première fois . ENCORE MERCI MESSIEURS !


Note: 8/10


Ce film a obtenu le Prix d'interprétation collectif pour l'ensemble de la distribution masculine: Djamel Debbouzze, Samy Naceri ,Roschdy Zem, Sami Bouajila et Bernard Blancan ainsi que le prix François Chalais au Festival de Cannes 2006.

Créée

le 15 nov. 2013

Modifiée

le 21 mai 2013

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