Quentin Tarantino = bon film.
Voilà une équation assez peu vérifiée au regard des dernières productions du réalisateur (notamment Kill Bill). Du coup, Inglourious Basterds, présenté comme un film violent (un Tarantino tout simplement) m'inspirait pas mal de crainte. Je débranchai donc mon cerveau avant d'entrer dans la salle de cinéma.

Ce n'était pas nécessaire. Car Tarantino livre là un film aussi percutant, aussi passionnant que Pulp Fiction, avec tout autant de personnages qui marqueront, n'en doutons pas, les spectateurs. Outre un Christoph Waltz magnifique dans le rôle du Colonel Hans Landa[1] (« Le chasseur de juifs ») et le Brad Pitt de Snatch ou Burn After Reading qui joue le Lieutenant Aldo Raine (le chef des Bâtards), Tarantino dirige une belle brochette d'acteurs qui incarnent admirablement leurs personnages. Les nazis sont comiques à souhait (Goebbels, Hitler sont risibles), les Bâtards parfaitement impitoyables (l'Ours juif et Hugo Stiglitz notamment), les agents de l'OSS sûprement dégourdis (Bridget Von Hammersmark – incarnée par Diane Kruger – et Archie Cox sont fabuleux)...

Mais si les acteurs sont excellents, le film ne leur doit pas tout. La mise en scène, bien sûr, est également très bonne. La caméra de Quentin Tarantino n'est pas un objet figé, mais un outil qui peut bouger à volonté pour appuyer l'action d'une scène, ou au contraire rester braquée sur un personnage pour laisser le spectateur déchiffrer ses émotions.
La caméra de Tarantino est d'ailleurs, il faut l'avouer, quelque peu indécente. Elle ne cache rien de l'horreur de certaines scènes. La violence est une caractéristique de l'œuvre cinématographique du réalisateur américain. Elle est souvent gratuite, parfois presque insoutenable[2], mais finalement Inglourious Basterds dispose de peu de scènes de combat. Elles éclatent, subites, et s'achèvent brutalement, ce qui les rend percutantes.

Et le scénario ? C'est une mécanique huilée dont les rouages épars s'emboîtent habilement pour entraîner la machine flamboyante du septième art. L'histoire est entraînante, appuyée par l'action qui suit souvent de longs dialogues délectables. Certes, Tarantino prend des libertés avec la vérité historique, satisfait un fantasme partagé par des millions de personnes, mais le spectateur se rend vite compte qu'il regarde une comédie et n'est pas surpris par le tour que prend le film au fil de ses chapitres.

Inglourious Basterds est un bon film, un des longs métrages marquants de l'année 2009, avec Watchmen de Snyder et Gran Torino d'Eastwood.
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le 18 déc. 2010

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