Inglourious Basterds par Erwan18

S'il fallait une preuve que Quentin Tarantino est un cinéaste unique, à part et génial, ce film en serait une supplémentaire. Ici il revisite à sa façon très personnelle la fin de la seconde guerre mondiale, prenant des libertés certaines avec l'Histoire. Mais l'histoire qu'il raconte est comme toujours dans ses films complètement originale, décalée et savoureuse.
Le titre fait référence à une poignée de juifs américains un poil déjantés, décidés à "tuer de l'Allemand" sans aucune pitié ni vergogne. Ces têtes brûlées servent de fil au rouge au film mais celui-ci présente plusieurs autres personnages importants et attachants. Le langage est encore une fois primordial dans ce film mais d'une manière différente de Kill Bill ou Boulevard de la mort. Les (trop) longs échanges verbaux sans action ont disparu et l'importance est donnée aux différentes langues des protagonistes de la Seconde Guerre Mondiale : le français, l'italien, l'allemand et bien sûr l'américain. D'où la nécessité de (re)voir ce film en version originale.
Inglourious Basterds est un mélange (d)étonnant de genres : western spaghetti, guerre, violence (quelques scènes ont fait hurler les filles dans la salle), amour, aventure et humour. Ca fait beaucoup mais le cocktail prend tout à fait et n'est pas indigeste un seul instant. Rien que la scène d'ouverture, référence non déguisée à la même scène d'Il était une fois dans l'ouest, est jouissive. D'ailleurs le film a failli s'appeler "Once Upon a Time in Nazi-Occupied France" (1) et Ennio Morricone lui-même a failli signer la bande originale.
Un mot sur les acteurs, tous excellents : Brad Pitt s'amuse visiblement, Mélanie Laurent est parfaite en juive blessée au fond d'elle-même mais la palme revient sans conteste à Christoph Waltz, qui joue l'officier allemand chasseur de juifs. Son prix d'interprétation masculine à Cannes est amplement mérité tant son jeu est subtil, varié et flamboyant.

(1) Il était une fois dans la France occupée par les nazis