Le Tarantino nouveau est arrivé! Ca faisait longtemps qu'on l'attendait. Et comme pour Benjamin Button, j'ai préféré m'accorder une seconde vision avant de pouvoir en écrire quelques mots. C'était un retour assez attendu étant donné que Death Proof était plus un trip personnel de série Z touchant nettement moins de monde que Kill Bill.
Le film se divise en cinq chapitres. Je me souviens qu'au cinéma, le tout premier qui est une discussion entre Landa et un habitant français, m'avait semblé un peu trop long et lent. Peut-être à cause du bruit et du monde autour de moi, je n'avais pas su m'imprégner de l'ambiance que Tarantino avait souhaité offrir. Quand je l'ai revu en DVD, j'ai trouvé ce tout premier chapitre absolument magnifique, posé, mature et permettant déjà à Waltz de nous offrir une composition remarquable. C'est un chapitre qui se rapproche le plus de ce que Tarantino avait fait avec Jackie Brown. On est loin de l'esbroufe des Pulp Fiction ou de Kill Bill et de leur violence visuelle. La tension s'installe petit à petit jusqu'au final chaotique, s'achevant sur un travelling majestueux sur Shosanna qui court avant de revenir sur des plans fixes où l'on entend Landa hurler "au revoir Shosanna."
Le second chapitre se rapproche plus de ce que Tarantino nous avait habitué. Rapide présentation des Basterds, un Raine qui recrute dans le but de se venger. Ici aussi, tout débute lentement. On est en Europe avant de se retrouver dans un autre endroit, toujours sur le sol européen. Trois soldats allemands ont été capturé par les Basterds. La violence va se déchaîner mais va être amenée, de bien belle manière. Le personnage joué par Eli Roth est remarquable. Le coup de la batte qui résonne dans le tunnel est encore un grand moment de tension. Avant de voir le sang couler.
Le troisième chapitre est à mon sens le moins réussi. L'action prend place à Paris où Shosanna tient un cinéma. Normal que ce lieu soit choisi étant donné l'amour que porte Quentin Tarantino pour le cinéma. Un soldat allemand, un sniper ayant tué près de trois cents soldats américains dans une ville, tente de séduire la jeune femme. L'homme est insistant, ne lâche jamais prise, agace Shosanna et fait finalement pareil sur ma personne. Toutefois, la fin de ce chapitre permet un grand moment de discussion entre Shosanna et Landa. Ce dernier n'ayant pas vu le visage de la fille dans le premier chapitre, il ne peut pas la reconnaître. Enfin, le personnage de Goebbels est déjà risible.
Le quatrième chapitre est celui de la rencontre entre une star du cinéma allemand travaillant comme espionne pour les Britanniques, un membre du SAS (les commandos de l'armée de Sa Majesté), et quelques hommes de Raine. Ici aussi, un début très calme avant un grand déchaînement de violence. C'est un petit peu moins réussi pour moi que les deux premier chapitres mais ça reste d'un très bon niveau, essentiellement le final.
Le dernier chapitre est probablement celui qui offre la plus grande scène culte de l'oeuvre. C'est lorsque Landa, Raine et deux de ses hommes commencent à parler en italien. C'est à mourir de rire. Je ne vais pas raconter le comment du pourquoi à ceux qui n'ont pas vu le film mais les autres savent de quoi je parle. Je n'ai pas pu m'empêcher de rire jusqu'aux larmes. Sans oublier le fameux "Bingo" de Landa. Le déchaînement de violence sur la fin est probablement une référence directe à Scarface.
C'est d'ailleurs, et encore, un film caméléon de la part de Quentin Tarantino. L'oeuvre possède énormément de références cinéma. La musique utilisée est généralement celle d'autres films. En vrac, on peut citer l'immense hommage remis à Enzo G. Castellari et Bo Svenson, qui possèdent un petit rôle dans Inglourious Basterds. Pourquoi à eux deux me demanderez-vous mais tout simplement parce que cette oeuvre de Tarantino s'inspire de celle de Castellari intituliée: Inglorious Bastards. Bo Svenson y jouait le rôle principal. Il y a aussi une ou deux grosses références au Cuirassé Potemkine de Eisenstein. Mais en fait, le film en compte tellement, dont beaucoup sur le cinéma français, que je ne vais pas commencer à les citer tous.
Ensuite, il faut bien avouer que l'histoire revisitée de la sorte par Tarantino est extraordinaire. J'ai vraiment bien ri, notamment lorsque Goebbels se met à pleurer de joie après les compliments du Führer. L'histoire est totalement revisitée, avec énormément de second degré mais n'occulte pas le massacre des Juifs. Bref, c'est certain que cette vision des choses ne sera pas appréciée par tous car on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde comme disait Pierre Desproges.
Un dernier mot sur les acteurs où Christoph Waltz est absolument extraordinaire. Brad Pitt est vraiment au-dessus aussi. Les comédiens sont généralement très bon sauf que les acteurs français ne font pas toujours le poids face aux Américains. Mais ne boudons pas notre plaisir, ce dernier Tarantino est une réussite et risque bien d'être l'une des oeuvres les plus marquantes du cinéaste en dépit de deux chapitres un peu en-dessous des trois autres.

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le 6 mai 2011

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batman1985

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