Que reste-t-il à la fin d’Inherent vice ? Pas grand-chose finalement. Pas que je n’ai pas aimé le film, mais comme Inarritu, Paul Thomas Anderson a la fâcheuse habitude de se regarder filmer. Ainsi, je comprends bien le principe des histoires sans rapports qui se croisent, le personnage principal avec la moitié des neurones crâmés, ce qui permet au réalisateur un peu fainéant d’avoir une excuse toute faite pour les trous dans le scénario, je vois bien également l’excuse de l’adapatation, en fait je vois une pelleté d’excuses pour ne pas faire un film meilleur.

Concentré qu’il est sur Joaquin Phoenix, par ailleurs excellent, sur sa photo de qualité et sur quelques scènes réussies, il m’a fait décrocher de son film par un autre biais. L’histoire. Sérieusement, je crois qu’au bout d’une heure je n’en avais plus rien à faire. Dans l’absolu ce n’est pas un problème d’avoir un scénario léger ou un peu foutraque, mais quand on navigue dans les eaux du polar choral halluciné, il vaut mieux avoir des bases saines.

Ici ce n’est pas le cas, et du coup les libertés laissées au spectateur de choisir sa propre version de l’histoire : délire intérieur total du doc ? Schizophrénie galopante créant le personnage du flic ? En fait c’est l’ancien binôme du flic ? Bref toutes les ouvertures laissées pourraient avoir un intérêt si le film ne laissait pas de côté la vraisemblance pour la sacrifier au profit de scènes pensées comme jouissives ou de lignes de dialogues mordantes, mais qui finalement ramènent la bobine à ce qu’elle est, une longue série de sketchs.

Il y a une petite vingtaine d’années, deux frangins réalisateurs ont commis un film auquel Inherent Vice ressemble beaucoup : The Big Lebowski. Mais les Coen sont bien moins pompeux et démonstratifs que Paul T. Anderson et le résultat était infiniment plus probant, alors que les points communs sont légion : Californie, drogue, histoire à la mode polar choral insensée…
Aussi, même si j’ai pris un certain plaisir à regarder ce film, en particulier grâce aux acteurs, j’avoue ne pas m’être enthousiasmé plus que cela.
CorwinD
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le 12 mars 2015

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CorwinD

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