Etant fan du cinéaste David Lynch et de son univers, je dois avouer avoir eu beaucoup de mal avec cet Inland Empire, au paroxysme de l'étrangeté de son cinéma, il y va à fond dans son délire et en oublie peut-être un peu son spectateur. Le film démarrait pourtant bien, avec 45 premières minutes passionnantes, il plonge à partir de sa première heure dans un brouillon visuel et sensoriel quasiment incompréhensible tant on a du mal à relier tous les segments entre eux. Le génie Lynch nous permet de ne pas lâcher totalement prise mais c'est quand même vachement inaccessible, même pour les plus aguerris. La bande son est tout de même au rendez vous et les acteurs semblent toujours aussi impliqués. Laura Dern est excellente et les autres acteurs me semblent bons mais c'est assez compliqué de les juger tant leurs personnages sont atypiques.

Avec cet Inland Empire, il conclut sa trilogie sur les multiples personnalités introduite par Lost Highway et poursuivie par Mulholland Drive. C'est également le second film mettant en abyme le médium cinématographique, chose que je trouve excellente et incroyablement bien gérée dans Mulholland Drive, mais ici beaucoup trop floue et mise en retrait pour l'apprécier pleinement. C'est plus une névrose psychologie filmée du personnage joué par Laura Dern, dont on ne sait plus ce qui est vrai, ce qui est faux, questionnant continuellement le spectateur et son rapport à l'image, aux multiples réalités et aux étoiles éphémères d'Hollywood.

Enfin, le choix de la caméra numérique me plaît car cela apporte un sentiment d'amateurisme mais en même temps maîtrisé, on se retrouve devant un objet filmique qui possède sa propre identité, et Lynch va jusqu'au bout en laissant le grain de l'image au maximum durant les scènes sombres.

A la manière d'un Only God Forgives, je me suis retrouvé à regarder ce film de manière assez extérieure à celui ci, en admirant toutes les qualités de celui ci mais sans jamais le vivre totalement. Une expérience tout de même fascinante qui clôt l'aventure cinématographique de cet auteur exceptionnel.

Créée

le 28 déc. 2014

Critique lue 266 fois

Audric  Milesi

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