Lorsque l'on ne porte pas en son cœur un cinéaste, le yes man Louis Leterrier en l’occurrence, difficile de se la jouer enthousiaste à l'arrivée d'une de ses nouvelles péloches en salles.
Mais même pour ses plus vifs détracteurs, force est d'admettre qu'il était très dur de ne pas être un minimum séduit par son Insaisissables, film de magie au casting de talents frisant l'indécence du bon gout; dominé par les deux papes échappés du cinéma de Christopher Nolan, les immenses Morgan Freeman et Michael Caine (qu'on ne se lassera jamais d'admirer sur grand écran).


Simpliste, prévisible mais follement divertissant, la péloche incarnait un pur show à l'américaine au rythme effréné et aux protagonistes charismatiques à souhait, qui misait bien plus sur son style dynamique et l'illusion, que sur un script malin qui aurait décemment pu en faire un Ocean's Eleven classieux sous fond de magie à la David Copperfield.
Du sous-Le Prestige souvent flou et incohérent, mais profondément attachant grâce à un casting royal et cabotinant joyeusement dans une sorte de récréation sur pellicule, qui incarna l'un des gros hits surprises de l'été ciné 2013 - au même titre que Conjuring, qui lui aussi a eu droit à sa suite cet été dans les salles obscures.


Trois ans plus tard, avec quasiment la même équipe (Lizzy Caplan remplace Isla Fisher) mais un réalisateur différent, John M. Chu (qui s'était déjà occupé de la suite de G.I. Joe), Insaisissables 2 pointe le bout de son nez avec une histoire qui fait directement suite à celle de l'épisode précédent.


Pile poil un an après, y suit la tentative de vengeance de Thaddeus Bradley, croupissant derrière les barreaux après le piège tendu par Dylan Rhodes (qui lui-même vengeait ainsi son père), le chef du quatuor de magiciens, Les Quatre Cavaliers; qui eux de leur côté, cible un magnat de la technologie à la tête d'une vaste organisation criminelle.
Tout aussi malin que le quatuor, il parvient à les piéger en les obligeant à accomplir un braquage extrêmement difficile, visant à dérober une puce électronique permettant d'espionner tous les ordinateurs de la planète.


Après une intro rappelant les aventures du premier opus pour les non-initiés, force est d'avouer que cette suite, au demeurant pétri de bonnes intentions, fonctionne moins bien que le premier film déjà très limité.
Tout n'est qu'illusion durant deux heures bien tassées, ou les twists s'accumulent à une vitesse proprement indécente, frénésie narrative démontrant non seulement les limites évidentes de son scénario puzzle, mais avant tout et surtout, l'incapacité de son scénariste - Ed Solomon, déjà au script d'Insaisissables -, à ne pas être très (trop ?) vite dépassé par les impératifs inhérents à toute suite d'un succès Hollywoodien (bigger, better, faster).


Brouillon, aux grosses ficelles méchamment apparentes même si le propos se veut plus complexe et imposant, généreux dans son ambition de divertir coute que coute son spectateur; ce qui différencie surtout le film comparé à celui de Leterrier, c'est le traitement de l'aspect magique du récit, qui perd justement ici tout de sa magie; à tels points que les tours paraissent, à quelques scènes brillantes près (celle de la carte, et les transformations de Jesse Eisenberg notamment), complétement inexistants et sans éclats, malgré une tentative louable de Chu de les rendre vivants, grâce à une mise en scène efficace et rythmée.


Divertissement estival insensé et spectaculaire au casting impeccable (même les petits nouveaux, Caplan en illusionniste barrée et Radcliffe en jeune salopard arrogant, cabotinent joyeusement), rollercoaster de twists tarabiscotés à l'extrême, n'hésitant même plus à tomber tête la première dans l'incohérence et le ridicule le plus complet (un twist totalement improbable remet même totalement en cause toute l'entreprise qu'incarnait le premier film); au sein d'un été des blockbusters plus que décevant, Insaisissables 2 ne casse pas la baraque mais s'inscrit décemment dans la moyenne, en espérant que Suicide Squad et Star Trek Sans Limites viennent épicé le tout avec panache.


Car en terme d'illusion d'un été ciné 2016 pétaradant et bandant, commence de plus en plus à faire place à une saison triste et morose...


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.fr/2016/07/critique-insaisissables-2.html

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le 27 juil. 2016

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