Inséparables suffirait, s’il n’y avait que lui, à prouver que les petites histoires font les petits, tout petits films, tellement petits qu’ils passent inaperçus, qu’ils sortent au cinéma quelques jours puis disparaissent dans les bacs en soldes des grandes surfaces. Car si le spectateur indulgent n’attendait rien d’un postulat indigent et surtout rebattu – on ne compte plus aujourd’hui les buddy movies –, la linéarité bêta avec laquelle se déroule le film de Varante Soudjian suffit à miner une intrigue aux rebondissements nuls ou à ce point téléphonés qu’ils transforment aussitôt le public en assemblée de marabouts capables, une heure à l’avance, de prédire tout ce qui va suivre.
Non que les comédiens jouent mal, non que la réalisation soit laide ; seulement, rien ne se passe, ou plutôt tout se passe comme prévu, sans perturbations ni appropriations artistiques d’un genre qu’il est plus facile d’investir que de réussir. D’autant que le comique tourne en roue libre, n’est pas pensé comme une tonalité apte à dire quelque chose sur le monde ou sur ces personnages qui s’agitent, se déguisent mais ne transmettent rien. Et ce ne sont pas les blagues sur Dark Vador ou la raillerie voulue cynique à l’encontre de la Russie et de son idéologie militaire qui conféreront à l’ensemble une identité.
Nul hasard, donc, si le thème de l’usurpation est au cœur des préoccupations d’Inséparables. Pas de chance pour lui, sa fraude artistique est vite éventée. Un produit comique terriblement anecdotique et qui ne dispose que de son duo de tête pour amuser la galerie. C’est bien peu.