Le film commence sur une ballade folk chantée par le héros. Le jour où je réalise un film, je commencerai par une scène comme celle-là. Surtout que celle-ci est signée Marcus Mumford et que ça sent sa patte à 50km à la ronde. Et direct, dès la première image de ce micro qui attend patiemment, on est plongé dans cette sublime photo/lumière qui se poursuivra tout au long du film, avec son côté un peu dé-saturé, et ses contrastes ombres/lumière ultra marqués, qui confèrent une forte poésie à l’ensemble du film.
Llewyn Davis, c’est un chanteur folk des années 60, loser, poissard, dont on suit les mésaventures au gré de ses rencontres, de ses liens, de ses péripéties avec son chat. Llewyn Davis, c’est pas un mec sympa. Comme tous les personnages du film, il frôle la caricature, mais la finesse du traitement le rend complètement attachant, parce qu’on se prend à être lui. Il y a ce drame qui pèse sur ses épaules, toujours évoqué avec subtilité, qui fait que Llewyn n’est pas juste le loser pathétique qu’il semble être, mais un être humain. Quelqu’un qui aurait pu devenir un grand, s’il n’était pas passé juste avant Bob Dylan au café-concert. Le film ne finit pas bien. D’ailleurs, le film ne finit pas, tout court. On est simplement plongé dans une tranche de la vie du héros, son quotidien, sa fatigue et ses désillusions.
Le résultat est qu’on n’en sort pas avec les tripes à l’air. Mais on en sort heureux d’être passé devant le ciné et s’être dit « tiens, et si j’allais voir ça ? ». Il y a de l’humour, de l’émotion, Garrett Hedlund, de la poésie, Justin Timberlake qui chante de la folk, des images qui sont encore imprégnées dans ma rétine et un morceau d’opéra que je devais mentionner tant il sublime la scène dans laquelle il est placé.
Octobell
8
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le 19 nov. 2013

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