♫ J'entends les veaux, le requin et la mouette...♪ (© Manau)

Il faudra un jour que je demande à notre chère Alyson Jensen la formule de son vaccin contre la déceptionite aiguë...


En effet, la bande annonce de Instinct de Survie augurait du meilleur. Déjà, il y avait Jaume Collet-Serra à la barre. Et là, instantanément, on se souvient de ce qu'il avait fait sur Esther, de la manière dont il gérait la montée en tension, avant que la violence n'éclate dans le dernier tiers. Et cela laissait augurer que l'on pouvait tenir un film d'attaque de requin bien vénère, sanglant et démonstratif.


Mais à la sortie de la salle, on se dit que décevoir à ce point, ça ne devrait pas être permis. Car inutile de garder le suspens plus longtemps sur la qualité du film. Allez, Jaws le dire (ainsi que le jeu de mots bien pérave au passage) : Instinct de Survie est loin d'être un spectacle à la hauteur des attentes.


Tout n'est pas à jeter cependant. Ainsi, la tension marche, mais seulement par à-coups. Ou plus précisément, dès que le réal cesse de filmer la nouvelle meilleure amie de l'héroïne ou cette dernière faire joujou avec une go pro. La peur liée au cycle des marées joue juste, mais l'idée est malheureusement jetée à mi-parcours. Adieu le huis-clos à ciel ouvert et paradoxalement ultra confiné. Adieu donc cette sorte de Phone Game sans cabine téléphonique. Mais en même temps, on se dit qu'Instinct de Survie peine à égaler l'aspect incroyablement tendu d'un des meilleurs films de l'ami Schumacher. Puis on se rappelle de 127 Heures, par son aspect perdu en pleine nature. Mais là aussi, Jaume Collet-Serra peine à rééditer la performance en forme de one man show de Danny Boyle. Hélas.


Car la belle Blake, figurez-vous qu'elle n'est pas toute seule, sur son rocher. En effet, une mouette devient sa nouvelle meilleure amie et compagne d'infortune. Elle soigne même son bobo à l'aile et trouve un bout de planche de surf pour la faire dériver loin du danger... Ca fait toujours bien sur le CV de dire qu'on est une amie des animaux et d'avoir sauvé une vie si on doit crever et passer devant le jugement de Saint-Pierre. A tel point que quand l'héroïne réalise que le requin a un harpon dans la mâchoire, on se demande fugitivement si elle ne va pas compatir à sa douleur et se porter volontaire pour lui prodiguer les soins dentaires de première nécessité... Ce genre d'idées, que l'on jurerait tout droit tirées de Marlier et de son Martine à la Plage d'anthologie sapent le film, comme d'autres scènes et passages qui font bien tiquer.


Comme ce grand moment où Blake se fait des sutures de fortune, à la méthode Choppard, car les blessées ont le droit aussi de porter les plus beaux bijoux pour refermer leurs plaies béantes. Ou encore ce feeling très Petite Sirène qui se dégage de l'ensemble.


Le comportement de certains personnages secondaires n'est pas mieux : alors qu'on leur hurle à la gueule "Reeequuuiiin !", deux imbéciles continuent malgré tout de surfer, à croire sans doute que Blake, bah, elle est sur son rocher juste pour le fun, ou l'imitation de l'entrée du port de Copenhague, au choix.


Instinct de Survie ne rattrape son ensemble qu'in extremis côté spectacle : si l'entrée en matière impose l'instinct du chasseur et la force du bestiau, la suite laisse cependant longtemps à désirer. Chiche en attaques frontales, chiche dans la boucherie et les méfaits du requin, Jaume Collet-Serra va jusqu'à refuser la scène de massacre promise, ne montrant les conséquences que de manière ultra fugitive et timide. Et là, le spectateur en quête d'hémoglobine et de mâchoires grandes ouvertes ne peut que tirer la gueule. Jusqu'à un final en demi-teinte, qui aligne d'abord les scènes limites ridicules (les fusées de détresse, une brasse coulée en plein Monde de Nemo), et illogiques (comment l'eau de mer prend-elle feu ?) avant d'enfin secouer celui qui a payé sa place, même si le moyen de se débarrasser du squale paraîtra pour le moins expédié.


Reste l'attraction Blake Lively, filmée sous toutes les coutures, toujours jolie, la courbe gourmande et les formes que certains auront certainement envie de caresser, elle est de tous les plans. Blessée, maltraitée, apeurée, elle assure le job sans faiblir, sans pour autant devenir la meilleure actrice du monde. Les esprits chagrins souligneront que son goût en matière de maillots de bain est douteux, puisqu'elle ose porter un deux pièces totalement dépareillé. Ils feraient mieux de retenir qu'avec plus de rigueur, de générosité et moins de calibrage, Instinct de Survie, sans pour autant constituer une daube honteuse, passe malheureusement à côté du principal : un grand spectacle aussi sanglant que tendu.


Le traumatisme des Dents de la Mer est bien loin...


Behind_the_Mask, en pleine brasse coulée.

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le 18 août 2016

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