Les Daft Punk ont rapidement su s'entourer des meilleurs pour leurs clips. C'est ainsi que Spike Jonze racontera les aventures d'un chien handicapé affublé d'un ghetto-blaster diffusant Da Funk (1995) ; ou que Michel Gondry s'amusera à personnaliser chaque instrument à l'aide de figurants divers dans Around the world (1997).


Alors qu'ils enregistrent l'album Discovery (2001), le duo et Cédric Hervet ont alors l'idée d'un film d'animation utilisant la musique. Enfants des 70's-80's, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo sont fans de séries animées japonaises et parmi elles, il y a Albator de Leiji Matsumoto (1978-79). Le créateur de Galaxy Express 999 se rajoute à la fête et même s'il n'est pas character designer (au contraire de superviseur visuel), son style est clairement présent à travers le dessin des personnages. Toei Animation se rajoute alors pour cette production cinématographique franco-japonaise. Une expérience qui rappelle les cas Ulysse 31 (1981-82), Inspecteur Gadget (1983-86) ou Oban Star Racers (2006) pour la télévision. Bien que l'album s'arrache à plus d'1 million d'exemplaires et que des extraits sous forme de clips sont régulièrement diffusés (dont l'inusable One more time), le film fini ne sort que deux ans après la sortie de l'album et s'avère un beau bide commercial (on parle d'un peu plus de 40 000 dollars pour 4 millions de budget).


Il faut dire que le film est également muet, juste rythmé par la musique des Daft Punk et quelques bruitages. On peut donc comprendre que l'exercice de style n'a pas forcément plu à tout le monde. D'autant que l'histoire n'est pas non plus extraordinaire. On suit un groupe de musique extraterrestre kidnappé par un magnat du disque clairement inspiré du Swan de Phantom of the Paradise (Brian de Palma, 1974). Ce dernier leur enlève leurs souvenirs et change leur couleur de peau pour qu'ils paraissent plus humains (le fameux Harder, Better, Faster, Stronger). Une sorte de ranger de l'Espace amoureux de la chanteuse part alors à leur rescousse pour les ramener au bercail. L'histoire est donc très simple, faites d'héroïsme, d'immortalité (le magnat se nourrie des disques enregistrés et en soi des artistes qu'il utilise pour gagner des années de vie) et de critique de l'industrie du disque (ce qui s'avère fort ironique quand on sait que Daft Punk faisait l'événement à chaque nouveau disque annoncé).


Néanmoins, le film a le mérite d'être assez court (un peu plus d'une heure) et de se suivre sans déplaisir. De plus, le film bénéficie d'une très belle animation de la Toei. Première aventure des Daft Punk avec le cinéma (et pas la dernière), Interstella 5555 est un coup d'essai sympathique qui se savoure comme une belle extension visuelle de Discovery (qui est déjà une sacrée réussite). Par ailleurs, c'est à partir de là que les Daft Punk vont commencer à se présenter à travers des masques de robots (y compris dans le film). Le début d'une longue histoire.

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le 24 févr. 2021

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Borat 8

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D'autres avis sur Interstella 5555: The 5tory of the 5ecret 5tar 5ystem

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