Papa, sa fifille et son papy habitent la campagne américaine un peu poussiéreuse car ils sont obligés de nettoyer la table à chaque fois avant de manger des racines. Ca sent bon l’écolo lolo.
Dad aime beaucoup sa petite girl, qui le lui rend bien, c’est un minimum. Ach l’amour paternel, c’est une belle chose, surtout chez les bouseux texans. Gran’pa, un peu scrogneugneu (voire même neuneu), couve la nichée en chantant le God bless you. Déconnez pas, on est chez les Ricains…
Dad, tout crotté qu’il est, a néanmoins dans sa poche des diplômes d’Harvard certes jaunis par le temps et les labours : il est incollable sur la mécanique quantique, les trous de ver (pas seulement ceux que les asticots font dans sa plantation), la fusion froide et toutes ces billevesées que n’importe quel cowboy se répète le soir dans son lit avant de s’endormir sur des rêves de rodéos.
Dehors, il fait le même temps que celui qu’il a fait à NewYork le 11 septembre : sunny and dusty. Le spectateur se perd en conjectures pour savoir quels ennemis peuvent créer tant de désagréments.
Fifille a peur, donc Dad va la consoler (on trouve ça dans beaucoup de contes de fées) et lui expliquer la quintessence du monde. Fifille est rassurée. Dad a raffermit son autorité parentale. Mais le désert avance (notre ennui aussi).
Dad le sait, Dad le pressent, Dad le devine, la fin du monde est proche.
Mais patatras, dans le champ de patates voisin, in the middle of the west and nowhere, se trouvait justement un centre secret de la Nasa, c’est pas nase, ça ! Les galonnés qui y vivaient planqués (bonjour Michael Caine) viennent chercher Dad pour lui demander d’endosser le costume de Batman (Grosse référence aux précédent films de Nolan). Ils lui expliquent qu’ils ont construit ce site à côté de sa ferme car ils savaient qu’y habitait le Sauveur du Monde (ce n’était donc pas une coïncidence farcie dans la tête d’un obscur scénariste en mal de continuité et de vraisemblance?). Bruce Willis n’a qu’à bien se tenir, lui qui balançait des billes thermo-nucléaires sur un ballon venu se fracasser sur notre bonne vieille terre.
Voilà que notre Dad, qui se prend pour Jésus, décide de sauver l’humanité (enfin quelques spermatozoïdes de riches soigneusement élevés dans éprouvettes labellisées Lebensborn).
Il enfourche son cheval de rodéo, euh pardon, sa navette spatiale et part terrasser le dragon, ou plutôt redécouvrir l’Amérique.
Au passage, il fait plein de schmutzis schmutzis schmutzis à sa fifille et lui dit qu’il l’aime et tout et tout et qu’un daddy est là pour la protéger (Daddy is blessing you) et assurer l’inviolabilité du cocon familial et que les méchants perdront. Le spectateur naïf et attendri verra ici se resserrer son cœur et sortira son kleenex aimablement customisé par la Warner Bros.
Dad a dans sa poche le livre ‘L’univers pour les Nuls’. Il en lit des extraits à Anne Hataway (qui se demande ce qu’elle est venue faire dans cette galère, et nous aussi) et lui explique les différences sémantiques entre galaxie et univers. Le spectateur s’ennuie ferme.
Une heure et demie de somnolence plus tard, le spectateur se réveille car ça bastonne sec dans la galaxie (ou bien non dans l’espace sidéral, ou bien non dans le vide physico-sidéralo-nolano-no-comprendo, je ne sais plus où j’en suis). Enfin un méchant ! Et pan dans la tronche, euh sur le casque, et mate le damon, je suis fait comme un rat. Dad a la visière fêlée dans un monde (?) sans oxygène, un pas contracte 30 années de vie humaine (?), une force 5G pèse sur ses épaules, mais il court comme une gazelle. La séquence dure 10mn alors qu’il lui reste 1mn d’oxygène dans sa bouteille Budweiser. Mais Dad, qui aime sa fifille, ne l’oublions pas, s’en sort grâce à une apnée de 8mn 47s. Quel héros, ce superman !
La fin du film n’est visible que dans les salles capables de projeter du numérique en 6 dimensions. Colisée s’abstenir. J’ai remis mes lunettes à 2 dimensions, me suis frotté mes yeux endormis, et j’ai cru être dans une expo d’Escher et de Gödel. Je pense qu’il y a eu un immense bug dans les ordis fabriquant les images de synthèse, qui ont dû mélanger des fichiers de provenance diverses. La collision faisait se rencontrer une machine à coudre et un parapluie sur une table de dissection, le tout vu par les yeux d’un enfant de 5 ans qui n’aurait jamais vu la neige.
Mes pupilles se sont dilatées comme le temps de Dad, qui revoit sa fifille à travers le miroir et lui parle sans qu’elle l’entende ; Re-kleenex, re-ding-ding-dong sur les cordes sensibles.
Enfin, Dad is coming home, fait la monstration de sa responsabilité paternelle devant sa fifille, lui refait quelques schmutzis puis repart like a poor lonesome cowboy. « Casse-toi, pauv’ daddy » qu’elle lui balance après 50 années d’absence. T’es beau et fort, j’t’aime, je n’ai jamais douté de toi, et blablabla. L’amour plus fort que tout. Tout ce film pour ça ?
Epilogue : que sont devenus les spermatozoïdes des Wasp envoyés dans la capsule ? Et les quelques milliards d’êtres humains pleins de poussière à devoir s’entasser dans une capsule faite pour 4 individus ?
A mon avis, tout le monde s’en fout !