Même pas. Sérieux, le film est hype. Il remplit bien son rôle de blockbuster et fait plaisir à beaucoup de monde. Après, ça prouve pas grand chose.

Ce qui est sûr, c’est que c’est un film typiquement hollywoodien, et surtout fondamentalement américain. Dans Interstellar, le monde se résume aux USA. Aucun plan n’est fait, aucune information n’est donné sur le reste du monde, là où ce genre de films aux répercussions mondiales, parlant de l’Humanité dans son entièreté, montre au minimum des journaux télévisés étrangers au pays où l’action prend place.
Aussi, dans ses thèmes, le film est un western. Dans ses grandes lignes, avec la conquête des terres inconnues faisant naturellement écho à l’histoire des USA, mais aussi dans son personnage principal: Un vrai cowboy. Aventurier, courageux, on le voit même attraper une bête au lasso, dans un monde où le lasso est un appareil électronique et où la bête est une sorte de drone sauvage, qu’ils traitent vraiment comme une vraie créature vivante, en la caressant et en hésitant à la relâcher. Plus précisément, on peut même noter une influence John Ford dans la façon de montrer la petitesse de l’Homme face à la grandeur de la nature, avec des planètes et des vaisseaux en plus, ainsi que dans le côté épique des événements. .

En parlant de vaisseaux et tout pleins de trucs scientifiques, l’univers du film est assez finement mis en place. Aucune date ne nous est balancée au visage, de même pour éventuelles explications sur les avancées technologiques. Tout passe à travers les personnages, assez fluidement, sans qu’on nous assomme de chiffres. En fait, le film ne parle pas autant de science qu’on voudrait le croire. Premièrement, il parle à plusieurs reprises d’amour, d’actes insensés et de chance, principes allant à l’encontre de la façon de pensée scientifique, basée sur des probabilités et statistiques. Aussi, Nolan utilise la science pour faire comme il l’a fait avec les rêves dans Inception: traite des sujets infiniment compliqués compréhensibles par une infime partie de la population, les vulgarisant au passage, et les rendant en quelque sorte magiques tellement ils ne sont pas très clairs dans nos petites têtes. Par contre, je trouve qu’il ne s’en sort pas trop mal pour ce qui est de mettre en image des concepts ou des théories, comme il le fait avec les whormholes ou les dimensions parallèles sur la fin.

Ce que je reproche à Nolan, c’est de ne prendre aucun risque en matière de mise en scène. Le film se parcourt aisément, mais n’a finalement très peu de personnalité, principalement par dû au fait de manque de plans démurgiques appuyant le point de vue du réalisateur. Si les personnages sont souvent filmés en plan serré pour pouvoir être le plus proche d’eux et partager leur expérience, la caméra refuse de se poser. Le cadre est toujours en mouvement, via de légers travellings, zooms ou une caméra au point. Le tout est très formel et finit par n’avoir que très peu de saveur, même si les scènes arrivent tout de même à faire mouche. J’aime beaucoup celle où on voit Cooper découvrir les messages que sa fille lui à laissé. Le choix est fait de nous le montrer de face dans en premier temps, en occultant se qui se passe sur l’écran, façon de nous montrer ses émotions, d’observer donc à quelle point McConaughey est un bon acteur et surtout de nous dire qu’il est le seul concerné par ces enregistrements tout en soulignant l’intimité qu’il peut avoir entre sa famille et lui.
La musique, notamment onirique, est quand à elle omniprésente même si les morceaux sont très beaux. L’abus est tel que je trouve que c’est finalement son utilisation du silence qui est intéressante.

Derrière les épopées spatiales se cachent souvent des aventures humaines. C’est ce qui est le plus intéressants, ce qui permet à des récits qui nous paraissent très loin de nous d’avoir une résonance universelle et intemporelle. A ce niveau là, le film fait dans le classique: compagnon de route perdu, “méchant” ayant perdu la boule (montrant encore une fois que l’Homme reste l’ennemi le plus dangereux pour l’humanité), sacrifice et amour. Parce que c’est ce qu’est Interstellar, au final. Une histoire d’amour. L’amour de son fils, de sa fille, d’une compagne de route(parce que je pense que c’est quand même plus qu’une amourette) avec qui on à passé beaucoup d’épreuves.
Je ne vais pas mentir, le film est fort en émotion. Les scènes de tensions fonctionnent bien, sont immersives, et le tragique du destin des personnages peut être très touchant.

Après, je pense qu’on a accordé au film beaucoup plus d’ambition qu’il n’en avait. Jamais de la vie il ne sera à la hauteur d’un 2001. Jamais. Et je dis sans même l’avoir vu, mais en connaissait l’impact qu’il a eu sur le monde du cinéma. Le film est du Nolan typique: un blockbuster hollywoodien qui ne prend pas son audience pour des abrutis, mais ne va pas au delà.
Montrer des personnages qui réfléchissent ne veut pas dire faire réfléchir ses spectateurs, même si en remettant en question la crédibilité des faits scientifiques, on est amené a le faire. Mais je doute que le film ait des prétentions existentielles.
Ghettoyaco
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le 9 nov. 2014

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Ghettoyaco

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