Le film commence par établir à son rythme ses propres ambitions : une première partie sur Terre qui nous présente l'homme surexploitant les ressources mises à sa disposition sur la planète, et c'est pour cette raison que leur seul but est dorénavant de survivre, il n'y a plus d'armée, plus de guerre, juste de quoi survivre. Mais tout ça ne suffit pas pour Cooper, le personnage principal, brillamment interprété par Matthew McConaughey qui a donné corps et âme à son personnage. Tout cela ne tiendrait pas dans le contrôle total de Christopher Nolan, basé sur la bande sonore languissante et entraînante d'Hans Zimmer ( encore lui ! ). Nolan parvient à filmer les personnages et à montrer les bonnes scènes au bon moment, toujours en harmonie avec la bande-son d'Hans Zimmer, afin de donner au film une dimension (jeu de mots pour ceux qui l'ont vu) inspirante qu'on n'a pas vue depuis de nombreuses années. Ainsi nous sommes transportés dans le même habitacle que Cooper, nous sentons le même remord qu'il peut ressentir, la même gravité sur laquelle il évolue, et nous ressentons la même peur de l'inconnu mélangé avec la force de sa volonté. Tout cela est brillamment illustré dans un choix de mise en scène très simple qui, de mon point de vue est l'impulsion décisive du film. Du moment où il part dans son camion et qu'il laisse sa famille derrière lui, jusqu'à Endurance, le vaisseau qui va lui permettre de s'envoler. Cette décision permet à Nolan de donner un mouvement original pour son film, et le crescendo musical nous fait sentir physiquement et émotionnellement la rupture sentimentale entre deux parties majeures du film.

Le film soulève un bon nombre de questions, notamment "qu'est-ce que l'être humain ?", "Y' a t-il des limites physique à ce qu'on puisse faire?", "Jusqu'où sommes-nous prêt à aller pour acquérir des connaissances?" et j'en passe, vous vous les poserez vous-même en regardant le film. Toutes ces questions résonnent en harmonie dans le film de Nolan.

Interstellar est lui-même crescendo, augmentant au fur et à mesure que les minutes passent la sensibilité et la créativité, il va donc parfaitement avec la bande sonore de Hans Zimmer qui, encore de mon point de vue, est l'une des plus belles musiques jamais faite pour un film de science fiction. Nous assistons à un arrangement musical parfait, qui forme une symbiose totale avec l'action qui se déroule à l'écran, on est transporté et attiré. Les crescendo de Zimmer donnent un souffle puissant à chaque nouvelle scène que ce soit dans les moments visuellement intense ou bien dans les moments plus intimes.

J'ai toujours été admiratif du talent de Nolan, parce que je savais que ses films étaient en dehors de la norme, mais je ne connaissais pas sa capacité à se réinventer. Parce que, soyons honnête, Interstellar n'est pas du tout un film d'action, ni même un blockbuster non plus. Il va totalement à l'encontre des attentes qu'on pourrait s'en faire, c'est bien plus qu'un simple film de science-fiction. Il ne ressemble à aucun de ses autres films, c'est ce qui le rend unique. Certaines personnes critiquent négativement ce film, en disant que ce n'est pas le meilleur film qu'il ai fait. Et en effet, ce n'est pas le meilleur film de Nolan, parce que dans un sens, c'est comme si c'était son premier film, je ne dis pas que celui là n'est pas aussi bon que les autres ( pour preuve je lui ai attribué la note de 10 ), mais il va bien au delà de chacun d'eux. C'est tout simplement un chef d'oeuvre, la preuve que Nolan a finalement réussis, en dépit de toutes les attentes qui ont été placés sur lui après le succès de The Dark Knight, à s'éloigner de sa propre réputation afin de créer une oeuvre personnelle, originale, sincère méticuleusement mesurée.

Maintenant le troisième acte du film, qui soulève énormément de question sur notre existence et notre univers, Nolan en répond à certaines mais en soulève davantage. Il se concentre essentiellement sur le mystère de l'amour, ce lien émotionnel qui peut unir les hommes et parfois les séparer. Interstellar est basé sur un principe qui est le suivant : De la poussière terrestre dans les profondeurs du temps et de l'espace, nous ne pouvons jamais être séparés de ce que nous sommes en tant qu'individus et en tant qu'espèce, nous laissons toujours une partie de nous même "derrière" nous. En d'autres termes, je pourrais dire que le c'est une histoire humaine, et que, même si nous allons aussi loin que nous le voulons, même si nous voyageons à travers l'univers, croire que nous pouvons être détaché de celui que nous aimons, ce sentiment est erroné, parce que au contraire, nous ne faisons que nous rapprocher d'eux.
Parce que il n'est que à partir du moment ou nous arrivons à la fin de nous même, que nous atteignons la singularité du "trou noir au-delà de l'horizon", c'est ce qui nous définit. Je n'ai pas pu trouver de défaut à ce film, j'ai vraiment été scotché à mon fauteuil pendant les presque trois heures. Des surprises émouvantes, d'autres drôles, et d'autres touchantes. Après tout, Interstellar est comme la gravité, "il suffit d'un petit coup de pouce"

"Les mots entre guillemets sont des répliques tirés du film, il faut donc le voir pour comprendre la référence."
Richard_Bruneliere
10

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le 7 nov. 2014

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