Christopher Nolan est un prestidigitateur insterstellaire

Christopher Nolan n'est pas un suiveur, de mémoire, c'est un prestidigitateur interstellaire qui joue avec nos illusions, une chauve-souris qui voit le monde la tête en bas, à l'envers, et qui est capable de nous laisser aussi bien insomniaque, que de rêver dans plusieurs dimensions à la fois.

J'avais lu quelques commentaires sur "Interstellaire" avant même de voir le film, certains m'ont touché par leur intelligence, par cette analyse soignée de cinéphile qui ne laisse rien passé dans l'étude et la maitrise du sujet. Certains ont des âmes de véritables critiques de films, d'autres de poètes, d'autres ont seulement les jambes qui flageolent à la sortie du film et tout cela est parfait.

Les commentaires sur Nolan sont toujours respectueux et les accrocs qui entaillent parfois le portrait du génie sont de bonnes guerres, elles évitent l'idolâtrie et permettent au Terrien qu'il est, les quelques imperfections narratives, les floues de transitions, et la prétention de l'auteur que l'on confond souvent avec de l'ambition. Sans parler des références à Kubrick et Andreï Tarkovski, ou a d'autres films qui sont autant d'hommages à ces grands Maitres dont l'effet profond est de produire d'autres grands maitres comme Christopher Nolan plutôt que d'en faire des disciples.

Et puis j'ai vu le phénomène à mon tour... Et tout cela m'a renvoyé à une réplique du film, merveilleusement portée par le jeu d'Anne Hathaway : « Peut-être qu'on a eu trop recours aux théories... » Suivie plus loin de « ... Seul l'amour transcende le temps et l'espace » Et oui sans vouloir à mon tour trouver ce qu'a voulu dire Nolan dans ce film, «l'humanité sera sauver par l'amour » au-delà des théories et de la recherche d'un possible ailleurs ou d'un ailleurs possible.

Ce message presque Biblique prend une résonnance formidable dans cette transition de fin de monde que nous vivons. L'économie et la science, ne peuvent plus développer leurs étranges calculs sans inclure à leur équation : l'Amour (qui transcende le temps et l'espace) et l'Amour transcendantale, est une dimension portée par l'Homme... Alors à lui de jouer et de mettre sa montre à l'heure avant de partir dans un espace qui semble plus intérieur qu'autre chose.

Je ne pourrai terminer mon commentaire, sans parler de la partie artistique de ce film. Au delà des plans à couper le souffle, et du jeu intense de chaque acteur, (je suis complétement fan de Matthew McConaughey, mais ça on s'en fous) j'ai envie de dire que, Nolan est un « démanipulateur », il décompose avec art chaque scène, il déconstruit la vision, l'arc narratif, organise un désordre prodigieux (prestigieux) presque religieux pour nous laisser recomposer la musique (merveilleuse) de son propre rêve qui devient le nôtre et nous laisse chancelant, étourdie comme libéré d'une gravité qui se joue de nos sens.

En repassant la filmographie de Nolan, vous verrez qu'il y a une cohérence dans ce kaléidoscope qu'est son cerveau et dans lequel il nous laisse regarder sans nous prévenir dans quelle dimension il va nous plonger. A nous de retrouver le retour ou pas vers nous-même.

Oui, je le répète encore Christopher Nolan est n'est pas un suiveur, de mémoire, c'est un prestidigitateur interstellaire qui joue avec nos illusions, une chauve-souris qui voit le monde la tête en bas, à l'envers, et qui est capable de nous laisser aussi bien insomniaque, que de rêver dans plusieurs dimensions à la fois.
Orowitch
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le 12 nov. 2014

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