En quelques films, Nolan a réussit à s'imposer comme un des meilleurs réalisateurs de sa génération mais aussi un des nababs d'Hollywood suite à ses énormes succès en salle. Un des réalisateurs qui arrive à mettre d'accord les critiques presses et spectateurs, ce qui n'est pas chose aisée.

Un peu déçu par The Dark Knight Rises, que j'ai trouvé très "formatté" par une production sans doute omni-présente mais aussi à cause de choix douteux tels qu'un changement de localisation pour le tournage qui fait que l'on ne reconnaît plus du tout la Gotham des 2 premiers ou alors une majeure partie de l'action qui se déroule en plein jour, dont la scène finale (on est aux antipodes de ce que représente Batman). Bref, une petite fausse note dans un parcours jusque là impeccable : dire que j'attendais Interstellar avec impatience est un doux euphémisme.

Cette odyssée spatiale décrite comme ni plus ni moins que le successeur de 2001 a un script des plus classiques : la Terre se meurt, l'humanité avec, il nous faut nous tourner vers les étoiles pour sauver l'humanité. Un trou noir permettant le voyage vers une autre galaxie apparaît comme une chance incroyable : il ne reste plus qu'à y trouver une planète habitable.
Sans spoiler, je dirai que la partie métaphysique est bien présente : le trou de ver permet au réalisateur de jouer avec le temps et l'espace, malheureusement avec une certaine prévisibilité. La fin est déductible sans trop de difficulté dès la première heure et je ne pense pas que le réalisateur voulait mettre l'accent sur ce côté métaphysique déjà présent dans 2001 ou alors dans des films plus récents et traitant du même sujet comme l'excellent Sunshine de Danny Boyle.

Nous pouvions nous attendre alors à une partie plus philosophique mais que nenni : là-aussi, le réalisateur se garde bien de philosopher sur le pourquoi du comment de l'état de la Terre, de la responsabilité (ou pas) de l'humanité ou d'une éventuelle dualité homme / machine comme dans 2001. Les robots, bien que présents, sont plutôt traités avec humour et ça en reste là.
Que reste-t-il alors à part des images sublimes de l'espace, des scènes d'action qui vous tiennent scotchées à votre fauteuil et un casting 4 étoiles comme sait si bien nous le concocter Nolan ? C'est le tour de force du réalisateur qui ne cesse de me surprendre : je m'attendais à tout sauf à ça. Tout son film est basé sur l'amour. Interstellar est avant tout une histoire d'amours (et j'insiste sur le pluriel). Bien que son contexte, son scénario ou toute la communication faite autours du film feraient penser à tout sauf à ça, il est clair que le réalisateur et son co-scénariste de frangin n'ont pas voulu tomber dans la facilité de la redite et se retrouver comparé à des films cultes tel que 2001.

Il n'y a donc pas de comparaison possible : l'intérêt du réalisateur est très éloigné de ce qui a déjà pu être fait et tout commence par une promesse d'un père à sa fille. Ensuite, l'amour ne quitte plus le long métrage. L'amour d'un père pour ses enfants, l'amour d'un chercheur pour l'humanité, l'amour d'un homme pour lui-même et son propre instinct de survie, l'amour d'une femme pour un homme que tout indique comme mort, l'amour d'une fille pour son père et au final l'amour d'un homme pour une femme. Là, j'ai spoilé : voici le véritable résumé du film. Evidemment, si ça avait été aussi évident, j'aurai prévenu du spoil avant mais ça n'est pas un véritable spoil si vous n'avez pas vu le film : saurez-vous reconnaître toutes ces scènes au travers de cet enrobage scénaristique, de ces scènes d'action et de ses évènements transcendant l'espace et le temps. De son film qui semble le plus formatté "Hollywood", on y trouve donc sans doute son oeuvre la plus personnelle.

Au final, la destinée de l'humanité est reléguée au second plan et la véritable question serait jusqu'où sommes-nous prêt à aller par amour. L'expression "aller décrocher la lune" prends tout son sens et, comme le Prestige au préalable, Nolan ajoute un niveau de lecture au-dessus de tout ça et fait d'Interstellar une déclaration d'amour au 7ème art et à ses spectateurs. Je crains qu'hélas, beaucoup passe à côté de ça et n'y voit qu'une superproduction holywoodienne de 3 heures où se joue, une fois de plus, le destin de l'humanité... auquel cas, ils ne trouveront pas ce film très original et sortiront de la salle en disant que 3 heures c'est trop long. Mais quand on aime, on ne compte pas et pour ma part, c'est sans doute le plus beau film d'amour qu'il m'ait été donné de voir. Merci Mr Nolan !

Créée

le 12 nov. 2014

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