Un nouveau Nolan suscite toujours beaucoup d’engouement, que ce soit chez les fans ou chez le spectateur lambda, l’attente est énorme. « Interstellar » n’échappe pas à la règle et je dois avouer que j’étais de ceux qui plaçaient beaucoup d’espoir dans ce film. Verdict, le film m’a beaucoup plu, sans pour autant m’avoir réellement sublimé comme je l’aurais espéré. D’un point de vue visuel, le film est irréprochable, représentant à merveille l’immensité de l’espace et sa beauté cosmique. Tirant sur la corde de la crédibilité et d’une pseudo réalité, l’imagerie fantasmée de certains détails et les couleurs rendent le contenu varié, ce qui n’était pas le cas avec « Gravity » qui m’avait un peu ennuyé. Immersif à souhait, grâce notamment à une partition inspirée de Hans Zimmer, « Interstellar » amène à se confronter à l’inconnu et à se placer en tant que survivant, ce qui provoque des instants forts en intensité et en tension. Le rythme quoiqu’un peu lent dans le première acte, s’intensifie au fur et à mesure des évènements, même si le film se permet quelques scènes de transition dont certaines me paraissaient parfois un peu trop longues. Le film a la particularité de jouer avec les émotions du spectateur, traversant une palette d’émotions assez riche, transmettant des leçons de vie certes parfois assez grossières, mais qui ne laissent jamais réellement indifférent, ce qui le différencie beaucoup du « 2001 » de Kubrick. Nolan offre un montage intéressant dans sa structure, bâtissant une volonté de garder toutes les cartes en mains pour nous surprendre. Il parsème son récit de sous-entendus, gérant à merveille le système du « Set up / Play off ». A travers une écriture subtile, décomplexant ses propos scientifiques pour mieux accentuer son paroxysme métaphysique et psychique à la complexité outrancière, Nolan exprime ses interrogations et ses obsessions. Ici, c’est le temps qui a un intérêt tout particulier, bravant les notions purement scientifiques et rationnelles. Son ombre pourchasse notre héros piégé par ce sentiment de vouloir être présent, tout en étant déterminé à s’échapper pour retrouver ceux qu’il aime. Ici, le temps représente la peur, la peur de voir vieillir et mourir, la peur de ne pas pouvoir être présent, de ne pas partager. Ce côté tragique évolue à travers le personnage de la fille qui illustre avec sensibilité la figure de témoin. Cette situation nous pousse à nous questionner sur notre rôle et sur notre monde qui se meurt et représente notre unique habitacle. Côté performance, Matthew McConaughey est très bon dans ce rôle de père déchiré entre sa passion et sa fille. Anne Hathaway et Jessica Chastain sont toutes deux bouleversantes et Michael Caine est une nouvelle fois brillant. J’ai par contre une petite réserve sur le choix de Matt Damon, qui malgré qu’il le joue bien, ne m’a pas convaincu dans ce rôle de scientifique. Je trouve sa présence anecdotique, même gratuite. En bref, « Interstellar » n’est pas un authentique chef d’œuvre, mais un grand film de SF qui explore des thématiques proprement uniques et innovantes. Imposant une véritable démesure dans sa narration pour mieux nous perdre dans les méandres de ce récit quantique, Nolan a joliment réussi son pari.

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le 16 nov. 2014

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Jogapaka

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