Un jeune mec se fait déposer par une voiture au fin fond de l'Alaska. Il trouve un bus abandonné, s'y installe pour passer l'hiver. Ily grave son nom : Alexander Supertramp. Série de flashbacks : Chris McCandless vient d'obtenir son diplôme, ses parents, plutôt aisés et conventionnels jusqu'à la névrose, le poussent à aller étudier à Harvard, car c'est un garçon exceptionnellement brillant, quoique très impulsif. Mais lui prend sa voiture et part sans argent, en effaçant ses traces. Son but : aller en Alaska. Avant cela, il va rencontrer un tas de monde sur sa route. Un gars des plaines du Dakota du Sud, pour qui il va bosser comme pilote de moisonneuses batteuses. Un couple de hippies qui surmontent une tragédie familiale. Un couple de Hollandais roots. Une minette mineure qui joue de la gratte et se ferait bien dépuceler par lui. Un retraité qui vit seul dans sa maison, après avoir perdu sa famille dans un accident de voiture. Une fois en Alaska, ça finit par se gâter. Chris comprend sur le tard que la solitude a altéré ses facultés, mais incapable de faire un retour sur lui-même, il meurt empoisonné par les mauvaises baies.

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Le film est découpé en chapitres, avec entre des tranches de "magic bus" entre. 1 - my own birth. 2 - Adolescence. 3 - ? 4 - Family. 5 - Getting wisdom. Ce qui compte, ce sont les rencontres que fait le jeune homme (apparemment c'est inspiré de faits réels ?).

Mais ce film n'est pas qu'un plaidoyer roots (et heureusement). Chaque rencontre renvoie Chris à lui-même, au fait qu'il laisse délibérément ses parents sans nouvelle, mais chaque fois que cela arrive, il fuit. Pour ne pas se rappeler les disputes incessantes de ses parents. D'autre part, on voit bien que Chris juge parfois les autres sur ses propres critères : lorsqu'il conseille au vieux monsieur de prendre la route, on voit bien que ce qu'il dit est irréaliste, et que son intransigeance n'est pas généralisable.

La fin, je l'ai trouvée un peu coconne, mais au fond ça vaut mieux comme ça. Simplement j'aurais évité le plan cliché partant de l'oeil mort du personnage pour monter jusqu'à embrasser tout le paysage : un peu facile.

Je dirais que le gros point fort de ce film, c'est qu'on sent bien la mesure de l'homme que Chris retrouve : la distance qu'il peut parcourir en une journée, la fatigue qu'il y a à dépecer tout seul un orignal (tué à la carabine 22 long rifle ? Chapeau), l'horreur face aux rues bourrées de néon de L.A., le besoin de retrouver les ciels dégagés.

J 'aime bien la scène où les parents l'emmènent au restau, lui annoncent qu'ils veulent lui acheter une nouvelle voiture, et ne comprennent pas qu'il n'en veuille pas une nouvelle.

Au niveau de la forme, ce n'est pas trop léché, Penn cherche une forme de naturel et d'expérimentation qui reste au niveau "Sundance" mais qui a quelque chose de rafraichissant. Beaucoup de lensflare dans le passage en kayak. Des regards caméras. Un peu trop de ralentis, par moments. Des voix off polyphoniques. Du Bruce Springsteen en OST.

"Into the wild" encourera les quolibets des cyniques et les cris d'orfrais des sédentaires. Ce n'est pas un chef d'oeuvre, mais c'est déjà pas si mal.
zardoz6704
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le 22 févr. 2015

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zardoz6704

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