Le film est sorti depuis 2007 et je ne l’avais jamais vu jusqu’à aujourd’hui pour la simple et bonne raison que je ne voulais ou/ et que je n’étais pas prête. Tout simplement aussi parce que je connaissais la fin;et que le film dans son ensemble me paraissait dur même si dans un même temps, il avait l’air d’être magnifique. Je voulais donc être totalement disposée, réceptive au message qu’allait me délivrer Into the wild. Et pour cela, je pense qu’il fallait que j’en ai vraiment envie sans préjugé aucun et prendre le film comme il était.

Récemment l’occasion s’est présenté puisque le film est passé à la télévision et j’en ai donc profité. Avec le recul, je me dis que j’ai bien fait d’attendre car si je l’avais regardé sur le moment, je n’aurai sans doute pas dit de lui qu’il est un des plus beaux films qu’il m’ait été donné de voir.Aussi, si j’avais un conseil à vous donner l’unique, je vous dirai de ne regarder ce film que lorsque vous en aurez envie. Dans votre tête, dans votre cœur parce que c’est déluge d’émotions, de puissance et de beauté.

Je ne sais pas vraiment par où commencer. Je m’attendais à ça et en même temps, non. Il y a des rencontres cinéma ( comme il en arrive avec les livres aussi) comme ça qui vous étourdissent, qui vous éblouissent et qui changent à jamais la personne que vous étiez avant. Ce qui vous a changé, ce qui vous a fait grandir c’est l’histoire, les personnages. Vous avez appris sur eux, de leur histoire, vous avez partagé leurs quotidiens et en l’espace d’un instant, vous vous sentez proches d’eux comme jamais. Et quelque chose d’eux, reste en vous à jamais. Un message, une pensée ou encore une phrase que l’un deux a prononcé.

Ici, c’est le cas avec Chris ce jeune homme qui décide de tout plaquer : un avenir brillant dans une fac réputée, une vie confortable parce que tout ce qu’il l’importe c’est de trouver la « vérité de son existence ». Il veut aussi être présent à chaque instant, à chaque minute et chaque seconde de son existence. Et, finalement se trouver lui-même. C’est sans doute le rêve de chacun mais lui s’en donne vraiment les moyens au péril de sa vie; sans rien et aller au devant de grands dangers.

Mais, sa quête existentielle l’entraîne sur les routes au plus près des choses de la vie, des gens et de la nature. Et surtout, au plus près de la vérité ; loin de la société de consommation, de l’argent, des mensonges et du conformisme. Chris est avide de liberté, de vérité même si c’est difficile même si parfois cela est synonyme de remise en question, d’illusions et de désillusions. Il veut être l’acteur et non spectateur de son existence.

Il prend alors la route et rencontre sur celle-ci des gens aussi perdus, fragiles et blessés que lui. Des gens qui sont à la recherche de quelque chose si ce n’est d’eux-mêmes ; et, d’un mode de vie plus proche de leurs aspirations et croyances. Une vie de voyage, aussi. Chris m’a fait penser à Kerouac, le sexe, la drogue et l’alcool en moins cela dit. Tous deux prennent la route à la recherche de leur propre personne et du monde qui les entoure. Aux deux hommes, la route réserve bien des surprises, bien des déconvenues et des rencontres exceptionnelles. Tout comme Kerouac, Chris a ses propres contradictions et illusions qui vont le conduire à une issue fatale.

Mais, je suis convaincue que ses mêmes contradictions et illusions l’ont poussé vers le beau, la vérité, la simplicité et l’excellence. Aller au bout de lui-même, être proche de la nature comme jamais, trouver ses racines et savoir enfin qu’il est. Qui n’a jamais rêvé d’être celui qu’il est réellement ? Non pas celui ou celle que vos parents, la société attend de vous mais celui que vous êtes au fond de vous. Combien ont la chance de réaliser quelle est leur raison d’être ? Ou découvrir la vérité de son existence ? Sans trop m’avancer, je dirai que ces gens chanceux ne sont pas nombreux.

Voilà tout ce dont Chris nous fait voir à travers son périple initiatique. Un Chris incarné par un Emile Hish au sommet de son art. Selon moi, personne d’autre que lui n’aurait pu incarner un Chris aussi touchant, grave, beau, sensible et déterminé. Je n’oublierai jamais son regard et ses larmes lorsqu’il voit un troupeau de cerf passé devant lui ( un peu comme Gordie Lachance dans Stand By Me de SK d’ailleurs). Il n’a semble t-il jamais vu quelque chose d’aussi magnifique, libre et irréel aussi.

Le casting secondaire n’est pas en reste lui non plus à commencer par une Jena Malone ( qu’on avait déjà remarqué dans La maison sur l’océan) tout en délicatesse et en finesse. Elle incarne la sœur de Chris, Carine. Sa voix off apporte une douceur au film, une certaine tragédie aussi. Celle d’une sœur qui a peur pour son frère et qui ne trouve aucune réponse. Et, William Hurt en père qui n’a pas vu les signes ni la souffrance de son fils, n’est pas en reste lui non plus bien au contraire. N’oublions pas non plus le couple Rainey et Jan qui sillonnent les routes à la recherche de quelqu’un ; ni Vince Vaugh qui devrait s’essayer plus souvent dans ce registre.

Il y a aussi Hal Holbrook. Sa rencontre avec Chris va bouleverser son existence mais c’est le cas de tout ceux qu’il a rencontré. Mais, je sais pas j’ai eu la gorge nouée pour lui, pour ce qu’il a fait tout particulièrement pour Chris alors qu’il ne connaissait pas du tout le jeune homme. Sa propre famille n’a jamais fait autant ou plutôt n’a pas fait les choses qu’il fallait, les choses essentielles. Chaque rencontre qu’a fait Chris l’a changé et les ont changé. Chaque instant était sincère mais malgré tout, il se remettait sur la route pour quelque chose de plus grand, de plus fort et de plus dangereux. C’était ce qu’il voulait, c’était ce qu’il recherchait. Aller au bout de.

Cette vie de solitude et d’attaches est filmé par le talentueux Sean Penn. Il confirme une fois encore ses talents de réalisateur et son sens de la mise en scène. Ainsi, une douche en plein air prend des airs de spectacle : des gouttes d’eau virevoltent de partout et en arrière fond, une montagne enneigée. Bref, le décor est surréaliste, sauvage et irréel. Sean Penn filme sans concession et en fonction des paysages, des reliefs ; ce qui donne une grande variété de plan : rapproché, gros plan, en plongée…etc. Le réalisateur ne cherche pas embellir ni enlaidir la réalité mais l’a filmé telle quelle ; et parfois aussi, à travers les yeux de Chris. Un face à face puissant se met en place entre la caméra et Chris, une sorte de huis-clos qui donne à l’ensemble une intimité, une proximité nécessaire au film.

e vous en avais déjà parlé, Into the wild est tiré d’une histoire vraie celle de Chris McCandless qui en 1990 avait quitté sa famille et sa région pour une gigantesque aventure solitaire. Un journaliste, John Krakauer s’est intéressé à son histoire et en a écrit un roman : Jusqu’au bout du voyage que j’ai moi-même lu et adoré.

Sean Penn a attendu me semble t-il 10 ans pour réaliser ce film. En effet, il voulait être sûr d’avoir le consentement de la famille pour parler de Chris. La montre que porte Emile Hish dans le film est la vraie montre de Chris ; c’est la famille de ce dernier qui le lui a donné.

Into the wild est un film d’une beauté à couper le souffle porté par un Emile Hirsh magistral.
Missbale974
10
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le 4 mars 2015

Critique lue 274 fois

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Missbale974

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