Imbitables.

Depuis maintenant deux mois, le tourbillon Intouchables déferle sur la France, et quand, hier soir, il est arrivé jusqu'au pas de ma porte, j'ai décidé d'y tremper un peu les pieds, juste pour me faire une idée de ce que valait réellement ce film forcément surestimé.

Dès le début avec la scène d'ouverture, je me suis dis que c'était quand même assez moche comme film.

Puis après je me suis rappelé de ce qu'on m'avait dit : c'est un film d'abord drôle puis touchant.

Donc le début avec les Bee Gees quand ils se font courser par les flics, c'était censé être drôle. D'accord. Puis après on a un flashback, et c'est là que je me suis dis "super on comprendra à la fin pourquoi ils se font courser !" Et en fait non. A la fin du film on en sait pas plus, alors qu'au fond c'est la seule chose qui m'a fait tenir le long du film, je me faisais des petites théories et tout "han c'est l'histoire de l'oeuf ! Il va se passer un truc ça va dégénérer avec les kailleras de la cité ! Olalala c'est sa famille qui a mitonné un truc les bâtards!"

Mais en fait rien. Non, non, en fait tout est expliqué dès le départ, ils se font courser par 10 voitures pour avoir dépassé par la ligne de bus.

Et puis je me suis rappelé de ce qu'on m'avait dit : c'est un film d'abord drôle puis touchant.

Alors oui, j'ai ri. Je l'admet. J'ai ri quand la mère de Driss le vire de chez elle avec un jeu d'acteur des plus pitoyables, j'ai ri quand Driss (Omar Sy) arrive dans le bureau de Philippe avec sa démarche de kaillera à peine surjouée (apparemment ça c'est pas vu, ouf), j'ai ri quand j'ai vu apparaître le couple d'ados, j'ai ri quand... Et puis je me suis rappelé que c'était un film français alors j'ai décidé de faire avec un jeu d'acteur médiocre et puis tant pis après tout c'est comme ça, certaines choses ne changeront jamais.

Du coup j'ai ri, parfois par surprise mais souvent par manque de concentration : les vannes se voient venir à des km, mais j'étais trop occupé à regarder l'araignée de mon plafond bouffer un insecte avant de la saluer gentiment parce que c'était cool de nettoyer mon plafond et que si elle pouvait passer l'aspirateur ensuite ce serait génial aussi, alors du coup je m'y attendais pas et j'ai ri 2-3 fois.

On en est là. Le film est moche, mal joué, les vannes se voient venir à 10 km et les personnages sont clichés à n'en plus pouvoir. Je suis sûr que 90% des gens qui ont ri ce sont dit "c'est trop vrai !" alors qu'ils ne connaissent ni la vie de banlieue, ni celle de château, et encore moins les assistants de vie et le handicap. Rien que d'y penser j'ai envie de casser la gueule du mec de Bref et de Gad Elmaleh pour avoir rendu populaire l'humour en mode "c'est trop vrai".

Et puis je me suis rappelé de ce qu'on m'avait dit : c'est un film d'abord drôle puis touchant.

J'ai pas été touché, en fait, alors j'ai pas bien vu le délire. Oh, par contre j'ai bien remarqué que le film, sans cesse, me prenait par la main pour me dire "hey c'est ici que tu dois être touché !" à grand coups de pianos larmoyants et d'histoire vraie écrit en italiques. C'était atrocement gênant. A chaque fois que j'entendais le piano mélancolique, j'imaginais Omar en train de danser le disco aux côtés de Cluzet (en fauteuil) en chantant "histoire vraiiie oh-yeah, histoire vraiie, ho-ho !". Du coup j'ai re-ri. Puis au bout d'un moment j'en ai eu marre des pianos et je me suis mis à penser au Freyija Theme de FFIX, et de suite, le film avait un peu plus de classe.

J'en ai rien à foutre que ce soit une histoire vraie. J'ai été mille fois plus touché par le final de Blade Runner que par cette histoire bateau qui devrait voir sa maladresse excusée par le fait qu'elle est inspirée de faits réels.

Bref, le film n'est pas nul, c'est toujours mieux que le seigneur des anneaux donc à ce moment là on est sauvé, mais il ne mérite assurément et absolument pas toute la hype autour de lui, ni sa place dans le top 111.