On rit sans honte d'un humour qui ne s'excuse jamais

Voilà donc la comédie française dont tout le monde parle. Elle réunit François Cluzet en paraplégique milliardaire et Omar Sy en assisté des Assedic, le tout sous la direction du duo déjà auteur des fulgurants "Je préfère qu'on reste amis" et "Nos jours heureux".
Soyons clairs : Toledano et Nakache ont réussit le pari osé de faire ressortir le meilleur de leurs précédents succès tout en apprenant de leurs erreurs.
L'intrigue est bien amenée, ils ont révélé le potentiel grave de l'icône clownesque qu'est Omar, la succession de situations loufoques - j'apprécie leur manière de filmer Audrey Fleurot - ne perd jamais le Nord, et à la fin, on en redemanderait presque.
C'est à coup sûr la comédie de l'année. Le film est drôle, vraiment. On rit beaucoup, souvent, longtemps, et bruyamment. Et par dessus tout, à notre grande surprise, on rit sans honte d'un humour qui ne s'excuse jamais. L'étonnante légèreté générale du ton employé aurait pu tutoyer le mauvais goût, mais l'image du handicap nous rappelle constamment qu'aucune barrière ne peut être dressée devant les pitreries des personnages, et on accepte tout.
Pourtant le sujet est à ce point cliché qu'il pourrait en être casse-gueule : le handicapé physique face au handicapé social, la mise en pratique du vieil adage "être pauvre et en bonne santé ou riche et malade", et bien sûr le choc socio-culturel entre ces deux milieux.
Rien n'y fait : on est touché, ému, par la réalité à laquelle le film se raccroche toujours. D'un côté, le paralytique ne contrôle plus son corps et de fait est hanté par le sentiment terrible de ne plus contrôler sa vie. Il fuit en permanence la souffrance, y compris celle qu'il redoute avant même qu'elle ait lieu (ou pas) et se prive donc de plaisirs simples que va parvenir tant bien que mal à lui apporter ce banlieusard maladroit, qui de son côté va apprendre qu'aimer ne signifie pas vivre aux crochets des autres mais tout faire pour les protéger et les rapprocher du bonheur.
Un film sur une belle histoire d'amitié, née entre deux hommes qui existent réellement, et portée à l'écran avec le brio de ces grands films que l'on va voir pour se remonter le moral. C'est un conte loufoque, poilant, et apaisant, à la manière d'un Amélie Poulain, la naïveté en moins.
Toute la salle (comble) a d'ailleurs applaudi à l'arrivée du générique (la dernière fois que j'ai assisté à ça, ça remonte à The Dark Knight) et ça, c'est le signe qu'on vient de partager ensemble un grand film à ne surtout pas oublier.

Arnaud_Duffour
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le 1 mai 2015

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MeshKat Duduff'

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