Je n'aime pas les comédies françaises récentes. Je sais, c'est une généralité facile. Mais prenez n'importe quelle sortie récente, au hasard, Bienvenue à Bord. Vous y trouverez des acteurs en roue libre, absolument pas dirigés, une absence de mise en scène, pas plus que de direction de la photo. Quand à l'histoire, elle se résume à de la facilité absurde, où le scénariste mise tout sur ses gags en espérant que le spectateur lambda « aura rigolé », comme si on ne pouvait se contenter que de cela pour 10 euros.

Il y a donc la comédie française lambda et sans intérêt d'un coté.
De l'autre, il y a Intouchables, le film de Toledano et Nakache.

Avant de découvrir leur long-métrage, je ne connaissais pas les deux complices pourtant déjà réalisateurs de Nos Jours Heureux et Je Préfère qu'on Reste Amis. Je suis désormais tenter de m'y intéresser car avec Intouchables, ils livrent un long-métrage bien loin des sentiers battus.

Le film s'ouvre sur une course en voiture dans les tunnels de la Défense en direction des Yvelines, scène à la fois efficace et surprenante qui laisse le spectateur un peu pantois : on ne s'attendait pas à ça. On s'y attendait d'autant moins que les premières répliques font mouche, posent les bases d'une relation qu'on le film va nous faire découvrir.
Retour en arrière donc : On découvre le personnage d'Omar Sy dans une belle demeure parisienne bourgeoise. Hoodie, bonnet, jean large et dégaine à la cool, il passe devant tout le monde pour torcher un entretien d'embauche. Il vient pour un papier signé, pas pour le boulot qu'on lui propose.
Mais voilà, François Cluzet va l'embaucher à son service et ses deux hommes paumés vont se trouver l'un l'autre. Et de cette rencontre naitra une belle histoire d'amitié et d'entr'aide.

Je vous vois déjà sortir les violons mais vous pouvez d'ores et déjà les ranger : Toledano et Nakache font bien attention à ne jamais basculer dans le cliché facile. Omar incarne un jeune des banlieues comme on dit, cool, un peu branleur. Cluzet est à l'opposé. Un peu coincé, amateur de poésie et de musique classique, riche et tétraplégique, il est heureusement réceptif à l'humour drôle. Mais à aucun moment, le spectateur ne sera pris pour un idiot. Certes, il y a une opposition entre les deux univers mais elle est toute relative par rapport à ce qu'on a l'habitude de voir.

La force d'Intouchables réside majoritairement dans cette écriture sans clichés. Même si certains peuvent paraitre inévitables, notamment vers la fin du film, la plupart sont esquivés. L'histoire est donc très joliment amenée, et surtout, surtout, l'humour fait systématiquement mouche.
Et pourtant qui aurait imaginé qu'on aurait pu rire d'un sujet aussi difficile que le handicap moteur ? La moquerie passe au travers de la naïveté d'Omar pour offrir de grands éclats de rire. Mais le film est également ponctué de jolis moments d'émotions car, comme je le disais plus haut, il s'agit bien d'entraide. Si officiellement c'est François Cluzet, qui ne peut plus bouger aucun membre, qui fait appel à Omar pour l'aider au quotidien, c'est bien de l'aide mutuelle qu'ils s'offriront.

Mais quel rapport avec le début de ce papier sur la comédie lambda en France ? Nul bashing gratuit. Intouchables est un film travaillé, bossé. La réalisation est soignée, la lumière travaillée et les réalisateurs nous offrent de très beaux plans de Paris, notamment de nuit. Qui plus est, ils dirigent leurs acteurs. Omar et François s'offrent chacun dans leur rôle une très belle prestation.

Un regret ? Sans doute la fin. Parce qu'il est difficile de savoir quoi faire de ce genre de personnages et qu'il faut bien passer à autre chose, les jolies dernières scènes tendent vers la facilité.

Drôle, parfois hilarant, servi par d'excellents acteurs et techniquement maitrisée, Intouchables est sans doute (The Artist est à part) la comédie française la plus réussie depuis bien trop longtemps. Et contrairement à son titre, elle devrait vous toucher...
cloneweb
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le 16 oct. 2011

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