Tourne la vie de l'avide Danny, à vide

Ce film n'est pas un bon film.
Cependant, il demeure intéressant.
Parce qu'il raconte la vraie d'un gangster irlandais des années 70, à Cleveland.
Une vie franchement étonnante.

La vie d'un gangster, en soi, reste absolument fascinante.
En tout cas pour moi.
En effet, je fais partie de ces gens qui ne comprennent déjà pas ce qui pousse les grands dirigeants du CAC40 a continuer à exercer leur activité alors que leur compte en banque leur permet de rester oisif pendant 440 générations. Qu'est-ce qui pousse à vouloir toujours plus ?
Moi, en bon rêveur flemmard, j'envisage de consacrer tout mon temps et mon énergie à ne faire que lire, regarder, écouter, jouer et aimer dès que mes revenus me le permettront, et ainsi je contemple l'avidité incessantes des grands patrons (ou grands sportifs ou toute une série de "grandes" professions qui m'échappent) avec perplexité et trouble.
Bien entendu, à travers ces revenus, tous ces gens poursuivent des désirs de puissance, des logiques de réseaux et des recherches compulsives d'accomplissement personnels.

C'est, j'imagine, la même pulsion qui pousse un homme à risquer sa vie chaque jour pour accumuler argent, femmes et plaisirs. Des névroses enfantines ou des désirs de vengeance en plus (et un poil de scrupules en moins. Quoi que, pas toujours).
Et de ce côté-là, nous ne sommes pas déçus par cet "Irish Gangster".
Une ascension qui, sans la caution de la biographie, aurait semblé peu crédible (le remplacement de l'ancien patron du syndicat avec deux coups de poing et trois baffes), de multiples tentatives de meurtre sur sa personne infructueuses (quand même, la mafia locale était un peu con et malchanceuse...!) et de multiples moments ou la fuite vers ailleurs (quitter la ville) aurait semblé semblait être non seulement la meilleure mais la seule option.
Pourtant, comme tant d'autres, Danny reste dans la cité, ce périmètre qu'il n'a jamais quitté, pour finalement connaitre la seule issue envisageable.
Je parlais bien de parcours tristement banal mais parfaitement fascinant.

Pour autant, cette vie aux incroyables péripéties n'est pas exempte, dans sa forme, (loin s'en faut) de reproches.
Le film semble longtemps chercher sa voie, son ton.
A l'image de sa voix off qui disparait pendant presque une heure, l'œuvre manque de rythme, d'unité, en un mot, de style. On part sur un remake sympatoche des affranchis, on tourne vers des relents de Soprano (deux des acteurs-titres de la série renforce d'ailleurs cette impression) et on finit en mode american gangster.

C'est l'heure centrale qui est de loin la plus plaisante et la plus réussie.
Au début et sur la fin, quelques scènes sont franchement ratées, à l'image de la mort de John Nardi (Vincent D'Onofrio, comme souvent très bien) dont on sent venir l'explosion de voiture à plein nez. Et que dire de son agonie.

Signalons une belle galerie d'acteurs, au passage, puisqu'aux côtés du D'onofrio cité, on retrouve, entre autre, Kilmer, Walken, ou Sorvino. Un Val Kilmer, d'ailleurs, dont la présence à l'écran est inversement proportionnelle à son tour de taille.
Comment passer sous silence, enfin, la prestation du rôle titre en la personne de Ray Stevenson, qui présente la particularité d'être très crédible en irlandais descendant de guerrier celte et presque totalement dépourvu de charisme. Du coup, on a du mal à s'attacher et cela favorise une certaine distance entre le sujet et nous.

Dernière particularité du film: ses trois titres.
Le générique annonce fièrement un 'bulletproof gangster" pendant IMDB le référence sous "Kill the irishman" alors que la ressortie vidéo le vend sous une jaquette annonçant fièrement "Irish gangster".
Allez savoir.
guyness
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Quand même, là. Il est pas un peu con le méchant ?

Créée

le 8 sept. 2011

Critique lue 1.5K fois

14 j'aime

8 commentaires

guyness

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

14
8

D'autres avis sur Irish Gangster

Irish Gangster
SlashersHouse
4

L'Irlandais n'est jamais en paix que lorsqu'il se bat.

Biopic adaptée du livre de Rick Porrello qui retraçait le parcours compliqué d'une figure du crime organisé des années 70, Kill the Irishman n'inspirait guère confiance du fait qu'il ait été privé de...

le 13 mai 2011

5 j'aime

3

Irish Gangster
CarlitaDwarf
4

La coiffure de la honte

Grosse déception que ce film… Sans attendre un chef-d’œuvre, j'espérais au moins avoir droit à un bon petit film qui ne paye pas de mine mais qui n'aurait pas à rougir face à des monstres type Les...

le 24 mars 2016

4 j'aime

Irish Gangster
Diego290288
7

Critique de Irish Gangster par Diego290288

Soyons honnête, Kill the Irishman n'a retenu mon attention qu'à cause de son casting de gueules ( Ray Stevenson, Val Kilmer, Vincent D'Onofrio, Vinnie Jones et...Christopher Walken ! What else ?) la...

le 2 sept. 2011

4 j'aime

Du même critique

Django Unchained
guyness
8

Quentin, talent finaud

Tarantino est un cinéphile énigmatique. Considéré pour son amour du cinéma bis (ou de genre), le garçon se révèle être, au détours d'interviews dignes de ce nom, un véritable boulimique de tous les...

le 17 janv. 2013

343 j'aime

51

Les 8 Salopards
guyness
9

Classe de neige

Il n'est finalement pas étonnant que Tarantino ait demandé aux salles qui souhaitent diffuser son dernier film en avant-première des conditions que ses détracteurs pourraient considérer comme...

le 31 déc. 2015

314 j'aime

43

Interstellar
guyness
4

Tes désirs sont désordres

Christopher navigue un peu seul, loin au-dessus d’une marée basse qui, en se retirant, laisse la grise grève exposer les carcasses de vieux crabes comme Michael Bay ou les étoiles de mers mortes de...

le 12 nov. 2014

296 j'aime

141