Je suis le premier à être surpris par l'engouement populaire qu'une série de films comme Iron Man génère. Faire d'un milliardaire arrogant un héros populaire n'est pas mince affaire. Surtout à notre époque où le petit peuple se méfie de tous types d'élites pour s'enfoncer toujours plus profondément dans son incapacité à faire face à l'héritage culturel de la race humaine. Là où certains super-héros ont de la fibre morale, des pouvoirs particuliers ou même un scénario aux thèmes intéressants, Iron Man n'a rien de tout cela. Il est juste cool. Comme un gadget sophistiqué ou un jouet de qualité il peut se contenter d'exister. Sa fonction est vague, jamais réellement définie de manière à ne pas aliéner le public. Tout ce que vous avez besoin de savoir c'est qu'il est drôle, compétent, un peu bizarre pour faire rire les enfants et que de temps en temps il sauve le monde en étant peu convaincant.

Toute la série est basée sur un paradoxe : aucune des suites ne s'est fatiguée à développer les accroches prévues dans le premier pour la faire continuer. Les dix anneaux du Mandarin? Servent à rien. L'idée que le cœur de Tony Stark est la pile atomique nécessaire à faire fonctionner les armures? Oubliée. Fin Fang Foom? Faut pas rêver. Tout ceci a été progressivement sacrifié pour faire place à la pub éhontée des prochains produits de l'écurie Marvel. C'est un pur hasard qui rend le premier Iron Man excellent : le studio n'était pas alors assez puissant pour empêcher Jon Favreau de suivre son instinct de fan. Le gars s'est fait plaisir. Il savait qu'il pouvait compter sur une équipe de professionnels pour réaliser le long-métrage à sa place. Dans pareille situation, il lui était parfaitement possible de faire ce qu'il sait faire; c'est-à-dire laisser ses acteurs improviser jusqu'à ce qu'ils trouvent quelque chose à jouer qui leur semble juste. C'est précisément ce qui manque aux suites du film originel, d'ailleurs; un peu de cœur.

Revenons aux bases, Iron Man est l'histoire d'un inventeur nommé Tony Stark dont une épiphanie d'une stupidité phénoménale lui fait se rendre compte que décidément : "les armes, palsambleu, tuent des gens". Poussé par une vague de culpabilité d'une puissance phénoménale il utilise la technologie inventée pour écarter le shrapnel présent près de son cœur pour détruire aux quatre coins de la planète les machines de mort produites par sa compagnie Stark Industries. Engoncé dans une armure de combat digne d'X-Or il est… l'Iron Man. Simple, efficace. Pas trop éloigné des bases de la série posées en 1968. Dans le second chapitre cinématographique de ses aventures le milliardaire vieillissant se débat pendant deux heures avec la pub pour Avengers que le studio a décidé de lui mettre en pleine poire. Ce qui nous amène au troisième film…

Son scénario est aisément résumé : le gars de dans Memento est trop pas content d'avoir été humilié par le Tony Stark cool des nineties qui écoutait du Eiffel 65. Il est tellement pas content qu'il va utiliser une forme de virus nano-technologique nommé EXTREMIS pour faire exploser des décors aux quatre coins de la planète tandis que le méchant du film Prince of Persia livre des menaces vidéo très très très bien produites sur les écrans télévisés de la planète terre. De son côté, Tony Stark est ébranlé d'avoir dû sauver New-York d'une invasion de crevettes interplanétaires dans le film Avengers. Il ne sait plus dormir. Et se demande sérieusement s'il arrivera à faire quoi que ce soit de constructif d'ici la fin du film. (Par chance sa maison est assez vite attaquée afin de kidnapper sa petite amie que Memento-Man veut avoir comme trophée). Ce qui amène comme de bien entendu le Vengeur Doré à chercher des réponses Tom Clancyesques dans un thriller d'espionnage pas trop mal foutu.

Paradoxalement l'on sent une réelle envie de la part du réalisateur Shane Black - Kiss Kiss Bang Bang, le scénario de Lethal Weapon - d'utiliser l'armure le moins possible. Est-ce inclus à la demande de son grand pote Robert Downey Jr un peu mécontent qu'un effet spécial génial soit devenu la marque de fabrique associée à son visage? Impossible à savoir, je vais donc devoir le sous-entendre. En évitant de compter sur l'effet iconique ce film se permet de souligner que tout ceci est censé sortir de l'esprit supposément génial de Tony Stark. Sans armure, je sais pas si vous le saviez, l'homme est un mélange de MacGyver et de James Bond. Il concocte des bombinettes avec ce qu'il a sous la main. Tire mal sur des gens. Bref, les bases de tout banal film d'action. Et c'est là que le bât blesse, ce film tente à tous les tournants d'éviter de reposer sur ses acquis. (À savoir l'utilisation bombastique d'effets spéciaux géniaux pour faire croire aux gens que décidément c'est possible d'avoir l'armure d'Iron Man). Est-ce pour autant une trahison? Non. Le second film était entièrement bâti autour de combats ennuyeux entre clones d'Atomic Robo et c'est pas une mauvaise chose d'avoir tenté de diversifier le propos de la série. Est-ce réussi? Par moments, oui. Le film fonctionne en tant que comédie. Comme film d'action, il se pose un peu là. Mou mais pas adipeux; un brin comme son protagoniste. Les effets spéciaux font le plus gros du travail mais on sent une réelle envie de la part de tous ceux impliqués dans ce projet de rentrer chez eux assez tôt boire une tasse de chocolat chaud. Rien ne nous rendra les visions fugaces que nos imaginaires de geeks nourris aux dessins de Gene Colan nous avaient fournis à la sortie du premier… Mais ce film s'en sort - attention pirouette - in extremis en étant juste assez ridicule que pour amuser.
MaSQuEdePuSTA
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le 4 mai 2013

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