Irréversible. Voilà un mot qui marquera à jamais le cinéma français. Car ce mot, outre son aspect brut de décoffrage et intransigeant ne laissant aucune place à l'à-peu-près, est synonyme d'expérience audiovisuelle que beaucoup n'ont pas réussi à tester jusqu'à la fin. Pourquoi ? Simplement parce que Gaspar Noé, réalisateur aussi timbré que génial, n'y va pas avec le dos de la cuillère pour nous en mettre plein les mirettes. Telle une légende urbaine, ce film s'est gravé dans nos esprits comme un mythe intouchable, inébranlable que l'on croirait réserver à une élite. L'attente de voir cet ovni créée un univers fantasmé qui, par la puissance même de sa suggestion, prend le risque de nous décevoir une fois le voile du mystère levé. Et si la claque technique tant espérée s'évaporait aussi rapidement qu'un rêve de grandeur au soir d'une sortie en boîte qui tourne mal ? Tous ces doutes sont à la mesure d'un projet dont l'ambition constitue à la fois sa force et son point faible potentiel. De son côté, Gaspar Noé, d'une sérénité infatigable, s'amusera à les balayer d'un seul trait.

Irréversible est typiquement le genre de film incompris qui divisera les foules. Le film est certes très intense dans sa narration mais il ne faut pas oublier cette parfaite maitrise du début à la fin (ou de la fin au début!). Gaspar Noé a le mérite de ne pas avoir perdu le nord dans une production où il est si facile de déborder dans le ridicule et l'exagération à n'en plus finir. Filmé magnifiquement (artistiquement parlant), Irréversible nous entraine nous spectateurs dans un labyrinthe hypnotique dont on devient rapidement témoin et pas uniquement simple spectateur avec cette façon de filmer en travelling qui nous fait suivre la scène de très près (c'est sans doute cela qui a le plus dérangé les foules). Le scénario est d'une rare habileté et ce choix d'inversion des événements total (des fois on alterne entre début-fin / fin-début, ici ce n'est pas le cas) est à la fois surprenant et captivant. On se demande où le réalisateur veut nous emmener et pourquoi ? La réponse notamment avec la scène du viol qui nous dévoile la triste réalité de la première scène avec l'extincteur n'en devient que plus belle [...]
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le 6 oct. 2010

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