En lançant Irréversible, je pensais en ressortir, comme 90% des gens, avec un avis tranché : "j'ai adoré" ou "quelle horreur/navet"... Mais non. Ni l'un ni l'autre...

Je trouve d'énormes défauts à ce film :
- La façon de filmer, déjà. Certains trouveront ça efficace, moi ça m'a surtout filé la gerbe. Vraiment. Vous connaissez cette sensation de tangage lorsque l'on a trop bu ? Là, c'est pareil.
- Entendre Vincent Cassel répéter pendant quinze minutes la même question au milieu de mecs qui se sodomisent, merci bien, mais quel est l'intérêt ? Nous choquer ? Loupé. Nous donner envie d'appuyer sur "avance rapide" ? Gagné !
- Le jeu de Vincent Cassel (qui en fait des caisses, comme d'habitude) et de Monica Belluci sont trop moyens.
- La musique anxiogène fonctionne au début mais donne vite envie de couper le son.
- La pire scène du film pour moi : celle du métro. On nous place en témoin. Ça fonctionne : on a vraiment l'impression d'être coincé dans un train/bus, obligé de supporter la conversation débile au possible de vos voisins qui parlent trop fort, en priant pour que votre arrêt arrive le plus vite possible.

La scène la plus marquante, en bien ou en mal, est bien sur celle du viol. Et là, à l'image du film, elle me laisse une sensation mitigée. Un viol est violent, horrible, sale, certes... mais a-t-on besoin de tant en montrer pour qu'on le comprenne ? Je ne pense pas. On a presque l'impression que l'on veut combler le côté (trop) voyeur présent chez chaque spectateur. Il n'en reste pas moins que, je le reconnais, la scène est efficace et que ça colle avec l'ambiance générale du film.

Et pour finir plus positivement, j'ai quand même aimé :
- Là ou le côté caméra embarqué m'insupporte, à l'inverse, les quelques longs plans séquence que Noé réalise dans le film sont très réussis.
- Albert Dupontel, sobre et bon.
- L'avant-dernière scène du film, Alex et Marcus nus, dans leur chambre avant de se rendre à leur soirée. Bien sur, le fait que les deux acteurs soient en couple dans la vie facilite les choses, mais, il n'en reste pas moins que leur complicité, leur tendresse transparaît, traverse l'écran. Cette scène est magnifique, pas moins.
- Le choix de narration, qui me laissait dubitative au début se révèle gagnant. Il permet d'ajouter à la fin une certaine mélancolie et de terminer avec un peu de (fausse) légèreté.

En tout cas ce qui est indéniable, c'est que si Gaspard Noé souhaitait nous balancer un film coup de poing, c'est gagné... On en ressort un peu sonné de ce Irréversible et avec l'envie de découvrir d'autres longs-métrage du réalisateur argentin.
Pravda
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le 7 janv. 2013

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