J'aime le cinéma pour ce qu'il apporte comme sensations, comme émotions. J'aime le cinéma pour ce qu'il fait ressentir. Il y n'a que deux fois où j'ai été littéralement bouleversé en fin de séance. C'était pour Nymphomaniac et Irréversible. Et c'est quelque chose d'incroyable qui se passe dans mon corps à ce moment-là. Ce truc qui me laisse comme un môme en larmes.


J’aime le cinéma car ce nouveau visionnage, dit intégral, m’a rendu amoureux dès sa première séquence. Puis j'ai été neutre durant cette soirée où chacun s'amuse à sa manière. Puis j'ai ressenti de la haine, du dégoût, durant notre scène dans le passage. C'était quelque chose de viscérale, d'ultra-puissant. Mon cœur battait cette fois pour une autre raison. Puis j'ai pleuré devant la prestation d'un Cassel, cassé, à vif. Il m'a fait trembler. J’étais à la fois bloqué, traumatisé, ainsi que pourvu d’une envie d’aller de l’avant. D’attendre une «vraie» justice. Durant cette course à la vengeance j’étais littéralement dans le mal absolu. Entre le profond malaise et la pulsion démoniaque. Je n’étais plus moi-même.


J’aime le cinéma car il est vecteur d’émotions. Irréversible m’a habité par la prestation, sans artifice, des acteurs. Irréversible m’a subjugué par son naturel, son vrai, dépeint par Noé et ses plans-séquences. Noé est brute, juste, acerbe quand il expose une humanité malade où il n'y a pas de méfaits, juste des faits. D'ailleurs je vois ceux qui rejettent ce film comme cette silhouette lâche en arrière-plan dans le tunnel. En y repensant Noé est le réalisateur qui me séduit le plus par son utilisation de la caméra ici virevoltante. J’étais cette œillade qui glisse sous les draps. J’étais cette prunelle d’âme perdue en soirée. J’étais ces yeux à terre, impuissants, qui guettent la sortie. J’étais ce regard fou, flou, perdu, cocaïné et hostile. Je ne faisais qu’un avec le film.


J’aime le cinéma car parfois celui-ci prend possession de moi. Car parfois celui-ci me fait aimer, me fait détester, et ici les deux à la fois. J’aime le cinéma car je ressens des choses fortes qui parfois me dépassent. Qu’on se le dise la version originelle est remarquable par le recul qu’elle fait prendre sur le cinéma de par sa narration : on remonte de l’enfer et on a une approche psychologique forte. Mais la version intégrale est idéale pour un second visionnage. Tout est tout de suite plus pur, moins calculé, plus fort. On vit.


J’aime le cinéma car Irréversible.

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le 10 sept. 2020

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Alex La Biche

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