Illusion of time
Cannes, en mai 2002, et sa polémique, n'aura retenu que la supposée crasse et la nausée, ta provocation un brin adolescente, et ses quelques bien pensants endimanchés qui ont feint l'indignation et...
le 19 juin 2017
90 j'aime
5
En 1971, Stanley Kubrick choque avec "Orange Mécanique". En 2002, Gaspar Noé prétends choquer avec Irréversible.
Quand je me suis décidé à regarder ce film, j'en avais entendu parler à cause de deux scènes (scènes de l'extincteur et scène du viol) et de son côté subversif. Ayant été agréablement surpris par Martyrs, je pensais que j'allais aussi me retrouver devant une oeuvre sous-estimée. Et j'ai dû durement constater pendant tout le long que c'était l'inverse, il est sur-estimé. Alors déjà pour commencer euh... Oui Gaspar Noé, c'est bien d'avoir une bonne idée, celle de faire bouger ta caméra dans tous les sens pour renforcer un côté réaliste, brute et subversif. Sauf que quand c'est pour utiliser cette technique pour montrer des bâtiments avec la caméra à l'envers, et filmer comme ça pendant une bonne partie du film, au final ça devient inutile et contre-productif. Elle est bien ton idée mais tu l'utilises mal, une idée il faut bien s'en servir. Et rien qu'avec ça, on peut déjà commencer sur ce que je reproche le plus à ce film: d'être prétentieux. Non mais franchement Gaspar Noé ton film est d'une arrogance sans nom. "Voyez mon génie à permis à une idée géniale de voir le jour, voyez mon casting de rêve, voyez ma description tant réaliste et intelligente de la violence..." Non, non, et non! Ton idée est bien mais mal exploitée, ton casting est bien mais n'importe qui aurait pu interpréter ces rôles, d'autant plus que plus loin je vais revenir un petit peu sur les personnages qui sont un vrai problème dans ce film, et ta description de la violence est certes réaliste, mais en aucun cas intelligente. Pour en revenir à cette dernière, j'utiliserais une simple comparaison avec Orange Mécanique. Les deux films sont centrés sur la violence. Mais l'un a un message, et l'autre non. Le premier étant Orange Mécanique, le deuxième étant Irréversible. En effet l'intelligence de Orange Mécanique était de se servir de cette violence pour faire une critique de la société, et servait son esprit satyrique. Il y avait une profondeur et même un humour noir. Qui plus est, si dans les deux cas on est plongé dans un milieu où règne un climat de violence, et on est centré sur des personnages violents, il y a une lourde différence entre Orange Mécanique et Irréversible. La froideur de Stanley Kubrick donnait à son film une distance, il n'y avait pas d’ambiguïté, il ne fallait pas être un génie pour comprendre qu'on n'y faisait pas l'apologie de la violence. Le film était une peinture retraçant le parcours d'Alex Delarge, et c'est là où il était d'autant plus intelligent, il ne prenait pas partie, il décrivait, à nous d'en tirer les conclusions, cette distance permettait de s'éloigner du personnage, de constater sa violence, son parcours, ses crimes, mais jamais d'en être pour autant proche, d'autant plus que le film n'avait pas de message ou même de parti pris à prendre pour le personnage, il en avait à propos de la société. Irréversible lui, se centre sur des personnages au comportement violent, sur des scènes d'une cruauté inouï, dans un tel réalisme et dans un tel rapprochement qu'on se demande quel est le message que veut apporter Gaspar Noé (surtout que la réputation du monsieur ne semble pas être rassurante de ce point de vu là). Par ailleurs, au final le film n'a aucun but réel. Franchement, lors de la dernière partie du film, il n'y a aucune intrigue, rien, nada.
Autant j'avais beaucoup aimé Martyrs qui lui était vraiment immersif et était plus intéressant dans le sens où il se plaçait vraiment du côté des victimes (ce que je m'attendais à voir dans Irréversible par ailleurs...), autant celui-là, je ne vois pas ce qu'il a pour lui. C'est sans parler du mauvais goût dont fait preuve le film à moult reprises, non seulement avec ce que j'ai dis plus haut concernant la vision du réalisateur, mais aussi par une grossièreté affligeante (peut-être que là aussi Gaspar Noé se croyait intelligent en mettant en scène cela?)
Créée
le 2 mai 2015
Critique lue 719 fois
5 j'aime
44 commentaires
D'autres avis sur Irréversible
Cannes, en mai 2002, et sa polémique, n'aura retenu que la supposée crasse et la nausée, ta provocation un brin adolescente, et ses quelques bien pensants endimanchés qui ont feint l'indignation et...
le 19 juin 2017
90 j'aime
5
Bonjour! L'histoire du film est: des bonhommes se bagarrent dans une salle de fêtes homosexualiste (un des bonhommes = le bonhomme Yves-Saint-Laurent!). Ensuite une vieille femme (elle est...
le 8 févr. 2013
89 j'aime
4
En lançant Irréversible, je pensais en ressortir, comme 90% des gens, avec un avis tranché : "j'ai adoré" ou "quelle horreur/navet"... Mais non. Ni l'un ni l'autre... Je trouve d'énormes défauts à...
Par
le 7 janv. 2013
87 j'aime
12
Du même critique
Je vais vous le dire tout de suite. Je crois que la raison pour laquelle j'aime ce film, la raison pour laquelle j'aime ce genre d'histoires, de personnages, la raison pour laquelle j'aime Tim...
Par
le 4 juin 2016
37 j'aime
27
Aujourd'hui est un événement tout particulier puisqu'il est celui où je fais état de mon avis sur cette nouvelle œuvre de Tim Burton, qui comme vous le savez est un réalisateur pour lequel j'ai...
Par
le 5 oct. 2016
28 j'aime
16
S'il est une saga sur laquelle les opinions se révèlent très diverses c'est bien la saga Star Wars. En tout cas, je pressent qu'au fur et à mesure que des volets la compléteront, que des nouvelles...
Par
le 25 déc. 2015
22 j'aime
4