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It Comes At Night...or does it ?



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Je n'aime pas les films d'infectés. De façon générale, et à quelques exceptions près, je n'aime pas ça.
Ca se pose comme une innovation qu'on attribue à tort à 28 jours plus tard (ou autre proto zombie flick de l'époque) alors que l'Avion de l'Apocalypse de l'ultrabisseux Lenzi faisait déjà droper ses zombies comme des cabris assis sur des oursins en 1981, que Jean Rollin nous avait déjà donné de l'infecté purulent mobile et sadique dans Les Raisins de la Mort en 1986 (vraiment pas son meilleur film mais bon, j'aime Jean Rollin, donc je suis biaisé, je lui pardonne (presque) tout), entre autres. Bref, ce n'est pas la Révolution de l'univers zombifié que certains nous avaient annoncé. Voire peut-être même les raisons de son déclin, mais c'est une autre histoire...


Donc, quand dès le départ, on nous laisse entendre que It Comes At Night va flirter avec les tropes de ses puruleux contemporains, j'avoue, je suis parti avec un bémol, compensé néanmoins par le coté accrocheur du titre, et surtout l'apparition du logo A24 en prégénérique, qui a accompagné mes plus belles découvertes dans le cinéma horrifique des marges, ces dernières années. (On ne va pas tous les citer, mais bon, entre Midsommar, The VVitch, Hereditary, il y a déjà de quoi rêver, et on sent une démarche cohérente dans les choix de production de A24).
Bref, j'y allais donc confiant mais pas trop, pour résumer.


Et j'ai aimé ce huis-clôs anxiogène dans un monde ravagé (osons, faute de mieux, le terme inélégant "pré-post-apo" -cette étrange période entre une potentielle apocalypse et la reconstruction dystopique du monde propre au post-apo en tant que genre) que l'on se contente d'évoquer à la fois subtilement et frontalement, à travers l'érosion du sens moral des personnages, leurs réactions, leur paranoia, leurs routines quotidiennes, sans jamais nous faire croire que l'enjeu se trouve dans une quelconque réponse, un mystère à résoudre quant à l'état dudit monde. Le cadre intimiste réussit à poser tout ce qui est nécessaire et suggère le reste.


On reste néanmoins sur sa faim face à cette tranche de vie, ces fragments d'humanité dansant sur le fil du rasoir, où la membrane poreuse qui sépare le monstrueux de l'humain se fissure inexorablement, dans une ambiance particulièrement bien servie par une musique fort à propos.
Tout est prévisible, ou plutôt, les éléments perturbateurs, lorsqu'ils viennent pimenter le film, se vautrent en partie car avalés par le système mis en place tant par les protagonistes que par le film lui-même.


Néanmoins, ne serait-ce que pour son ambiance, sa réussite esthétique sobre mais efficace, le travail sur le son, l'efficacité des acteurs, je ne regrette pas d'avoir prolongé le visionnage jusqu'au bout.
Et quand en plus, les clichés du film d'infectés sont esquivés avec une certaine élégance (remplacé par les archétypes du huis-clôs paranoïaque, plutôt à la mode ces temps-ci), moi, je suis heureux, forcément!


Mais ça ne suffit pas à effacer cet arrière-goût d'inachevé que laisse la prévisibilité du déroulé du film et nuit à l'impact de son final.

toma_uberwenig
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le 7 janv. 2020

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toma Uberwenig

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